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Les Européens «humiliés» par les sanctions américaines sur le gazoduc Nord Stream 2, selon Lavrov

Le chef de la diplomatie russe a affirmé que le gazoduc reliant la Russie à l'Allemagne allait bientôt voir le jour malgré les sanctions américaines. Il s'est dit convaincu que les Européens étaient les mieux placés pour comprendre leurs intérêts.

Le gazoduc russe Nord Stream 2 sera bientôt achevé et ce, en dépit des sanctions américaines. C'est ce qu'a affirmé Sergueï Lavrov ce 22 décembre sur la chaîne publique Pervy Kanal. «Je suis convaincu que Nord Stream 2 [reliant la Russie à l'Allemagne en contournant l'Ukraine] et TurkStream [reliant la Russie à la Turquie par la mer Noire] existeront. TurkStream sera lancé dans littéralement deux à trois semaines», a-t-il déclaré. Le pipeline «deviendra réalité de toute façon, malgré toutes ces menaces», tout comme le TurkStream, selon le ministre russe des Affaires étrangères.

Le 20 décembre, les Etats-Unis ont promulgué une loi qui impose notamment des sanctions contre les entreprises associées à la construction de Nord Stream 2 et TurkStream, estimant que ces ouvrages allaient accroître la dépendance des Européens envers le gaz russe et ainsi renforcer l'influence de Moscou. Pour le chef de la diplomatie russe, «ces sanctions sont très difficiles à comprendre». «Je n'ai jamais pensé que ces politiciens pourraient prendre des décisions qui ne font pas honneur aux hommes d'Etat sérieux», a-t-il commenté.

Sergueï Lavrov se veut toutefois rassurant et estime que les sanctions «n'auront aucun impact» sur le projet de 11 milliards de dollars, même si, le 21 décembre, une entreprise suisse chargée de poser les pipelines, Allseas, a annoncé qu'elle suspendait sa participation au projet en attendant «des clarifications».

Des Européens «humiliés», mais qui comprennent leurs intérêts

Pour Sergueï Lavrov, «les Européens comprennent leurs intérêts économiques, notamment en matière de «sécurité énergétique à long terme». Le ministre russe a ajouté : «Ils ont été humiliés. Mais nous avons entendu des paroles, notamment de Berlin, qui montrent que l'estime de soi de nos partenaires européens est encore préservée.»

Et pour cause, ces sanctions américaines ont été vivement critiquées, notamment par l'Allemagne, principale bénéficiaire du projet, qui a dénoncé «une ingérence dans [ses] affaires intérieures». «Le gouvernement rejette ces sanctions extraterritoriales. Elles affectent des sociétés allemandes et européennes et constituent une ingérence dans nos affaires intérieures», a réagi Ulrike Demmer, une porte-parole d'Angela Merkel, dans un communiqué.

Le 12 décembre, avant l'adoption officielle des sanctions, le commissaire européen au Commerce et plusieurs ministres et hommes politiques allemands avaient également tenu des propos similaires. «Par principe, l'UE s'oppose à l'imposition de sanctions à l'encontre de toute entreprise de l'UE exerçant une activité légitime», avait affirmé le commissaire européen au commerce Phil Hogan, cité par l’AFP.

Le gazoduc bientôt inauguré

Quasiment achevé, Nord Stream 2 doit permettre de doubler les livraisons directes de gaz naturel russe vers l'Europe occidentale et l'Allemagne, en contournant l'Ukraine, dont les relations avec Moscou sont particulièrement tendues.

Le gazoduc TurkStream, qui passe sous la mer Noire, doit lui être inauguré en janvier par Vladimir Poutine et le président turc Recep Tayyip Erdogan. L'un des deux tuyaux est destiné à la Turquie, l'autre au sud et au sud-est de l'Europe.

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