Economie

Nord Stream 2 : la Russie fait fi des sanctions américaines et annonce qu'elle achèvera le projet

Malgré les sanctions américaines, Moscou est bel et bien décidé à livrer le gazoduc Nord Stream 2 vers l'Europe au plus tard début 2020. «Nous partons du principe que le projet sera achevé», a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.

Moscou a réaffirmé, ce 18 décembre, vouloir achever le gazoduc Nord Stream 2 vers l'Europe, au cœur d’une bataille économique et géopolitique, malgré les mesures de rétorsion adoptées par Washington.

«Nous partons du principe que le projet sera achevé», a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, au lendemain de l'adoption de sanctions par le Congrès américain contre ce tube qui doit livrer du gaz russe à l'UE via la Baltique. Les sanctions «ne plaisent ni à Moscou, ni aux capitales européennes. Ni à Berlin, ni à Paris», a-t-il en outre martelé dénonçant «une violation évidente du droit international» et «un exemple idéal de concurrence déloyale». Le groupe Nord Stream 2 n'a pas voulu pour sa part commenter les éventuelles conséquences pour le projet.

Angela Merkel a pour sa part de nouveau affirmé ce 18 décembre être «contre les sanctions extraterritoriales» et a exprimé sa «désapprobation face à cette pratique».

Déjà dénoncées la semaine dernière par l'Union européenne (UE), ces sanctions visent les entreprises collaborant au projet. Construit à plus de 80%, le gazoduc sous-marin qui relie la Russie à l'Allemagne est censé entrer en service fin 2019 ou début 2020 et doit permettre de doubler les livraisons directes de gaz naturel russe vers l'Europe occidentale via l'Allemagne, principale bénéficiaire du projet. Il est d'une capacité de 55 milliards de m3 par an, autant que son frère aîné, Nord Stream 1.

Mais pour Washington et certains pays européens – l'Ukraine, la Pologne et les pays baltes – ce tube va accroître la dépendance des Européens au gaz russe, que Moscou pourrait utiliser pour exercer des pressions politiques. 

Par ailleurs, pour ses détracteur, Nord Stream 2 sacrifie les intérêts de l'allié ukrainien, qui tire des revenus importants du transit du gaz russe vers l’Europe. L'Ukraine est, en outre, le théâtre d'un conflit meurtrier avec des séparatistes. 

Une offensive commerciale américaine qui ne dit pas son nom ?

Pour certains observateurs, l'opposition américaine à Nord Stream 2 fait aussi partie d'une offensive commerciale des Etats-Unis. Washington, grand producteur de gaz, veut notamment accroître ses exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) vers l'Europe. Les sanctions comprennent le gel des avoirs et la révocation des visas américains pour les entrepreneurs liés au gazoduc. Le département d'Etat américain doit communiquer dans les 60 jours suivant la promulgation les noms des entreprises et des personnes qui ont participé à la pose de conduites pour Nord Stream 2. 

L'une des principales cibles des sanctions est Allseas, une entreprise suisse propriétaire du plus grand navire de pose de pipelines du monde, le Pioneering Spirit, engagé par le russe Gazprom pour construire la section offshore

Le gazoduc représente un investissement d'une dizaine de milliards d'euros, financé pour moitié par Gazprom et pour l'autre moitié par cinq sociétés européennes, l'autrichien OMV, les allemands Wintershall et Uniper, le français Engie et l'anglo-néerlandais Shell.

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