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Liban : Hassan Diab, soutenu par le Hezbollah, chargé de former un gouvernement

Le président libanais a demandé le 19 décembre à Hassan Diab de former un gouvernement. La nomination de Hassan Diab en tant que Premier ministre et son soutien par le Hezbollah pourraient toutefois attiser les tensions communautaires dans le pays.

L'ex-ministre de l'Education Hassan Diab, qui a reçu l'appui du puissant mouvement chiite Hezbollah, devient ce 19 décembre le nouveau Premier ministre du Liban, pays miné par une crise économique aiguë et agité par une contestation populaire inédite.

Le président Michel Aoun a lancé des consultations parlementaires, plusieurs fois reportées, pour choisir un chef de gouvernement à la place de Saad Hariri qui a démissionné fin octobre sous la pression des manifestants. Dans la foulée de sa nomination Hassan Diab est donc chargé de former un gouvernement.

Le 18 décembre Saad Hariri a dit renoncer à sa propre succession et son bloc parlementaire n'a nommé aucun candidat pour le remplacer. La nomination de Hassan Diab, vice-président de l'Université américaine de Beyrouth et ex-ministre de l'Education (2011-2014), pourrait toutefois attiser les tensions communautaires dans le pays, selon des analystes.

Au bord de l'effondrement économique, le Liban vit depuis le 17 octobre au rythme d'un soulèvement populaire inédit contre l'ensemble de la classe dirigeante, accusée de corruption et d'incompétence. Les manifestants réclament la formation d'un cabinet de technocrates indépendants du sérail politique au pouvoir depuis la fin de la guerre civile (1975-1990).

Après plusieurs reports, Michel Aoun a finalement lancé au palais présidentiel les consultations parlementaires prévues par la Constitution. Il a d'abord reçu Saad Hariri, un temps pressenti pour diriger un gouvernement de technocrates.

«J'ai sérieusement œuvré à répondre à la demande [des manifestants] d'un gouvernement de technocrates, que je considérais comme le seul capable de résoudre la grave crise sociale et économique» que traverse le pays, a déclaré Saad Hariri le 18 décembre.

Mais il a expliqué avoir renoncé, après que sa proposition eut suscité trop d'opposition chez ses rivaux politiques. Après plus de six heures de consultations le 19 décembre, Hassan Diab ayant engrangé les soutiens au sein de blocs parlementaires – dont ceux du Hezbollah et de petits partis alliés, succède donc à Saad Hariri.

Le système politique de ce pays multiconfessionnel est conçu pour garantir un équilibre entre les différentes communautés religieuses, avec un Premier ministre sunnite en principe soutenu par les principaux dirigeants de sa communauté.

Reste que plusieurs d'entre eux – dont Saad Hariri et son mouvement, le Courant du futur – n'ont pas apporté leur soutien à Hassan Diab.

Avec la nomination de Hassan Diab comme chef de gouvernement, la politique libanaise pourrait connaître un déséquilibre en faveur du chiisme et entraîner une crise entre sunnites et chiites.

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