Jeudi 19 décembre
La conférence de presse annuelle de Vladimir Poutine est maintenant terminée. Elle aura duré 4 heures et 14 minutes.
Vladimir Poutine a été interrogé par une journaliste sur la thématique des retraites, notamment sur l’évolution de l’âge du départ à la retraite et sur l’indexation des pensions de retraites après 2024.
«Il n’y aura pas d’augmentation de l’âge de la retraite. Cette question n’est même pas discutée», a informé Vladimir Poutine. Avant de continuer : «L’Etat doit, de manière plus accélérée, augmenter les revenus des retraités.»
Il a ensuite précisé que les pensions de retraites vont augmenter de 6,6%, alors qu’en même temps, l’inflation sera de 3,25%. Soit plus du double.
Quant à la garantie concernant l’indexation à l’avenir : «Après le délai que vous avez évoqué, les évolutions des pensions de retraite vont se poursuivre», a-t-il précisé.
Concernant une question sur la supposée ingérence de la Russie dans la politique britannique, Vladimir Poutine a répliqué que Moscou ne faisait rien d'autre que ce que font les Occidentaux.
«Nous avons entendu des appréciations sur ce qu'il se passe en Russie. C'est de l'ingérence ou pas ?», s'est-il interrogé. «Vous donnez votre avis sur ce qu'il se passe en Russie. Nous nous réservons le droit d'agir de la même façon à votre égard. C'est à dire de donner notre avis. Personnellement, j'ai l'impression que cela n'a rien à voir avec de l'ingérence», a-t-il déclaré.
La parole est donnée à un journaliste de la BBC. «Je me réjouis à l'avance de ce que vous allez dire», glisse dans un sourire Vladimir Poutine.
Interrogé sur les propos du Premier ministre Boris Johnson à son égard, qui l'a qualifié par le passé de «tyran sans pitié», le chef d'Etat russe a répliqué : «Je me concentre sur les intérêts de mon pays. En quoi ils consistent. Quoi qu'on dise à propos de moi, cela n'a aucune importance par rapport à ma préoccupation principale, la Russie.»
Sur la question des relations russo-japonaises, Vladimir Poutine a mis en avant la «relation de confiance, de bon voisinage» entre les deux pays. Concernant les inquiétudes de Tokyo sur un éventuel rapprochement militaire sino-russe, le président russe a assuré qu'il n'en serait rien. «Nous n'avons pas d'union militaire avec la Chine, nous n'avons pas prévu cela», a-t-il déclaré, estimant que de telles dispositions étaient contre-productives.
Interrogé sur les inquiétudes que suscite la promulgation d'une loi sur l'«internet durable» sur la liberté d'expression, Vladimir Poutine a expliqué que son but était d'assurer l'indépendance technique de l'internet russe vis-à-vis de l'étranger.
«L'internet libre et l'internet souverain ne sont pas en contradiction. La loi qui vous avez évoqué ne vise qu'une chose, empêcher les conséquences négatives qui pourraient être liées à la déconnexion de notre internet du système international, dont la direction se trouve à l'étranger», a déclaré le président russe.
«Il faut que nos ressources puissent fonctionner, pour que nous ne soyons pas privés d'internet. C'est le sens de cette loi. Il n'y a pas de restrictions. Nous n'allons pas dans le sens d'une "fermeture" d'internet», a-t-il assuré.
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Concernant les sanctions émises par l'Union européenne contre la Russie, le président russe a fait valoir que celles-ci, en dépit de leurs aspects négatifs, avaient également un côté positif.
«Nous avons compensé les pertes. Il y a évidemment des aspects négatifs mais aussi des aspects positifs. Par exemple le développement de l'agriculture, il y a un bond énorme de 24 milliards de dollars d'exportation. C'était complétement inattendu il y a quelques années», a-t-il expliqué, notant que la Russie avait en outre construit des usines qui n'existaient pas auparavant, comme dans le domaine de la construction de moteurs d'hélicoptères.
«Tout n'est pas encore parfait, mais nous avons avancé sur ces plans là», a-t-il fait valoir. «Il faut s'adapter aux nouvelles conditions. Notre monnaie est devenue plus forte face aux hésitations qui peuvent apparaître sur les marchés des ressources énergétiques, notamment le pétrole», a-t-il encore déclaré.
Une journaliste interroge le président russe sur le fait qu'en septembre, le Parlement européen a adopté une résolution amalgamant nazisme et communisme soviétique. «Le totalitarisme n'a rien de positif et doit être condamné sans aucune réserve», a d'abord estimé Vladimir Poutine tout en rappelant que «le peuple russe a été le premier à subir ce totalitarisme».
Le président russe a néanmoins qualifié la décision du Parlement européen de «tout à fait inadaptée et incorrecte» estimant que «mettre sur le même plan le nazisme et l'Union soviétique [était] le comble du cynisme».
«Que ces gens [les parlementaires européens] lisent les documents de l'époque, qu'ils consultent les archives [...] quand les dirigeants de France et de Grande-Bretagne signaient un accord avec Hitler pour partager la Tchécoslovaquie», a rappelé Vladimir Poutine, évoquant le pacte de Munich de 1938. Il a ensuite souligné le fait que l'Union soviétique a été le dernier pays à signer un pacte de non-agression avec Hitler. «Tous les autres pays nous avaient précédé dans cette démarche-là», a-t-il précisé.
Une journaliste chinoise interroge le président russe sur les relations bilatérales entre la Chine et la Russie dans le contexte actuel, et sur la volonté de ces deux pays de défendre un monde multipolaire.
«Le niveau de confiance qu'il y a entre nos deux pays est fondamental», a répondu le président russe. Il a évoqué le chiffre de 100 milliards de dollars dans les échanges commerciaux entre la Russie et la Chine et l'objectif d'atteindre les 200 milliards de dollars.
Concernant le contexte international, Vladimir Poutine estime que «la coopération entre [la Russie et la Chine] est un facteur de stabilité internationale».
Selon lui, «l'effondrement de l'URSS a donné l'illusion de l'avènement d'un monde unipolaire mais ce n'est qu'une illusion», a-t-il assuré. S'il convient que certains aux Etats-Unis cherchent à installer l'unipolarité du monde, le président russe estime que «la réalité du commerce» ne valide pas cette volonté car «l'économie chinoise est plus importante que celle des Etats-Unis».
«Le monde ne peut pas tourner autour d'un seul centre», a-t-il plaidé. «Nous allons poursuivre sur la voie du partenariat stratégique entre nos deux pays, c'est bénéfique pour les peuples de Chine et de Russie», a déclaré Vladimir Poutine.
A l'approche des 20 ans de présidence de Vladimir Poutine, une journaliste lui demande si une révision de la Constitution est envisageable, incluant une modification des pouvoirs du président. Elle demande également si une concurrence politique existe réellement en Russie.
Le président russe a estimé que la Constitution russe ne devait pas être totalement changée, «surtout le premier chapitre, fondamental» de son point de vue. Cependant, Vladimir Poutine considère que «d'autres parties de la Constitution peuvent être modifiées». Il a affirmé être informé et à l'écoute des actuelles initiatives et débats concernant l'extension des compétences du Parlement et la modification des prérogatives du président.
Il a notamment fait référence à l'éventuelle annulation de la réserve constitutionnelle sur les deux mandats d'affilés du président, rappelant que lui-même avait fait deux mandats puis une «pause» avant d'effectuer à nouveau deux mandats.
Concernant la concurrence politique, Vladimir politique a déclaré : «Nous avons 54 partis enregistrés dont quatre sont en train d'être liquidés et 12 participent à la politique fédérale.»
Abordant ses relations avec la famille Kadyrov, Vladimir Poutine a souligné qu'Akhmad Karyrov et son fils Ramzan avaient choisi Moscou plutôt que les groupuscules terroristes et s'y étaient fermement opposés. Pour Vladimir Poutine, ce choix représentait la meilleure solution pour le peuple tchétchène. Il a ajouté que les Kadyrov avaient risqué leurs vies pour défendre ce choix et que la reconstruction de la Tchétchénie témoignait de la justesse de cette décision.
Répondant à une question sur le rôle de Lénine dans l'histoire du pays, Vladimir Poutine a souligné que le révolutionnaire bolchevik avait transformé la Russie, traditionnellement unitaire, en une quasi-confédération offrant une autonomie élargie à certaines régions. Selon le président russe, cela a débouché sur un séparatisme ethnique auquel la Russie doit encore faire face. Il a précisé que, malgré les critiques, il n’était pas opportun, d'après lui, de déplacer le corps de Lénine de son mausolée à Moscou, par respect pour ceux qui avaient donné leur vie à l’URSS.
Interrogé sur la politique américaine envers la Russie et la potentielle destitution de Donald Trump, Vladimir Poutine a rappelé que celle-ci est encore loin d'être validée et qu'elle doit passer par le Sénat. Selon lui, il est peu probable que les Républicains, majoritaires dans cette chambre, décident d’écarter Trump du pouvoir pour des raisons que le président russe a qualifié de «fantaisistes».
Concernant les relations bilatérales entre Moscou et Washington, le président russe a déclaré : «Les Etats-Unis vont travailler avec nous là où ils ont des intérêts et ils vont nous contenir dans d'autres domaines, et nous ferons de même.»
A propos de l'Ukraine et de la volonté américaine affichée de soutenir ce pays, le président russe a déclaré : «Si les Etats-Unis voulaient aider l'Ukraine, ils donneraient de l'argent à ce pays.»
Interrogé sur le futur des républiques autoproclamées de Donetsk et Lougansk, Vladimir Poutine a expliqué que le gouvernement ukrainien lui-même était disposé à considérer les dirigeants des républiques comme des autorités légitimes lors de la signature de l'accord de Minsk, mais avait refusé de leur parler par la suite. Il a demandé à Kiev de prendre ses responsabilités dans l'utilisation d'avions de guerre contre les milices et les civils ou dans le blocus économique qu'elle a imposé.
Interrogé sur la situation en Ukraine, Vladimir Poutine a rappelé qu’aucun accord n’était possible en dehors des accords de Minsk. «J’ai été préoccupé par la déclaration de Zelensky après son départ de Paris» , a expliqué le président russe, précisant que s’il y avait une renégociation des accords de Misnk, cela pourrait desservir le processus de paix. «Il faut avoir un dialogue direct avec le Donbass. Il faut revenir à une concertation prévue par les accords», a-t-il encore ajouté, se réjouissant que la loi sur le statut spécial du Donbass ait été prolongée. Il a qualifié les réunions au format Normandie d’«utiles».
Répondant à une question d’une journaliste, Vladimir Poutine est revenu sur la décision de l’AMA de suspendre la Russie des compétitions internationales pendant quatre ans. «Ce n’est pas seulement, une décision injuste mais cela ne correspond pas au bon sens et au droit», a-t-il fait valoir, assurant que «toute sanction [devait] être individuelle».
«L’écrasante majorité de nos athlètes sont propres donc pourquoi feraient-ils l’objet de sanctions ? Cela va-t-il servir au développement du sport ? Je ne crois pas», a souligné le président russe ajoutant que cela allait «à l’encontre de la charte olympique». «Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que nos sportifs soient propres» a-t-il ajouté, dénonçant une «décision politique».
«L'agence russe antidopage a été privée de ses droits [...] ceux qui souffrent le plus de ces sanctions sont les athlètes qui sont innocents», a expliqué une journaliste spécialisée dans le sport à Vladimir Poutine, l'interrogeant sur ce que ceux-ci devraient faire.
Abordant le sujet des soins de santé dans les différentes régions de la Russie, il a expliqué que le système de santé était en cours d’amélioration même si beaucoup de problèmes étaient encore à régler. Il a annoncé la mise en place d’un fond de 550 milliards de roubles destinés au secteur de la santé de «premier échelon».
Questionné sur le passé soviétique de la Russie, Vladimir Poutine a été très clair : «On ne peut pas renier le legs de la période soviétique. Nous pouvons en être fiers. Nous devons être reconnaissant aux générations précédentes de la puissance soviétique qu’il ont créé.» Néanmoins, il a également mis en avant les avancées depuis cette époque abordant l'agriculture ou encore l'industrie. «Ceux qui croient que nous vivons encore sur la base de ce qui se faisait à l’époque ont tort», a-t-il fait valoir.
«Personne ne connaît les causes du changement du climat mondial. Nous savons que notre Terre a connu des périodes de réchauffement et de refroidissement et cela peut dépendre de processus dans l'univers. Un petit changement d'angle de rotation de la Terre autour du Soleil peut conduire la planète à de sérieux changements de climat», a estimé Vladimir Poutine lors de sa conférence de presse annuelle.
Répondant à une question sur le changement climatique, le président russe explique : «La Russie a adhéré à l'accord de Paris.» Mais il rappelle que la Russie ne fait pas partie des pays les plus pollueurs du monde, pointant du doigt la part des Etats-Unis et de la Chine, à savoir 16%, selon le président russe.
«Les premiers pollueurs de la planète selon les Nations unies sont les Etats-Unis et la Chine devant l’UE, la Russie et l’Inde […] Il est difficile de calculer l’influence de l’humanité sur le changement climatique mais nous ne pouvons pas rester les bras croisés. Nous devons faire le maximum pour empêcher que le climat change», a-t-il précisé.
Vladimir Poutine est arrivé sur place et commence à répondre aux journalistes.