Donald Trump sera, sauf retournement de situation, renvoyé en procès pour destitution lors d'un vote au Congrès la semaine prochaine, une commission ayant approuvé le 13 décembre deux chefs d'accusation contre lui.
Deux mois et demi après l'émergence de ce que ses adversaires politiques qualifient de «scandale ukrainien», la commission judiciaire de la Chambre des représentants a adopté, en suivant des lignes strictement partisanes, les chefs d'«abus de pouvoir» et d'«entrave à la bonne marche du Congrès» contre le président. Décrivant «un jour solennel et triste», le chef démocrate de la commission Jerry Nadler a promis que la Chambre allait désormais agir «au plus vite». Selon les médias américains, elle devrait se prononcer sur le texte en séance plénière le 18 décembre.
Compte tenu de la majorité démocrate dans cette enceinte, Donald Trump devrait devenir le troisième président de l'Histoire des Etats-Unis mis en accusation au Congrès avec un «impeachment» après Andrew Johnson en 1868 et Bill Clinton en 1998. Et comme eux, il devrait toutefois échapper à une destitution, le Sénat, chargé de le juger, étant contrôlé par les républicains qui font bloc autour de leur président.
«Une honte pour notre pays» mais une «bonne chose pour moi»
Ce vote est «une honte pour notre pays», mais «on dirait que c'est une bonne chose pour moi», a réagi Donald Trump, en assurant que sa cote de popularité «crevait le plafond».
«Ce n'est pas juste que je sois mis en accusation alors que je n'ai absolument rien fait de mal ! La gauche radicale, les démocrates sont devenus le parti de la haine. Ils sont si mauvais pour notre pays !», a-t-il notamment écrit sur son compte Twitter.
Si cet «impeachment» menace de laisser une marque sur le bilan du 45e président des Etats-Unis, Donald Trump jouit toujours d'un large soutien dans les rangs républicains, et l'impact de cette procédure sur sa campagne de réélection est plus qu'incertain. Pour la première fois depuis le début de l'«affaire», le site Real Clear Politics, qui fournit une compilation de plusieurs sondages, note une égalité parfaite entre les Américains qui soutiennent la procédure et ceux qui sont contre, alors que jusqu'à présent les partisans d'un «impeachment» avaient toujours été au dessus.
Comme pour montrer qu'il restait concentré sur les affaires du pays, Donald Trump a tweeté, au moment même du vote en commission, sur le «fantastique accord» commercial tout juste conclu entre les Etats-Unis et la Chine.
Les démocrates ont-ils peur de perdre en 2020 ?
Les démocrates reprochent au président républicain d'avoir demandé à l'Ukraine d'enquêter sur le fils de Joe Biden, embauché par une entreprise de gaz ukrainienne lorsque son père était vice-président. Selon eux, il a abusé de sa fonction pour faire pression sur Kiev, notamment en gelant une aide militaire cruciale pour ce pays en conflit armé avec la Russie.
Donald Trump et ses partisans dénoncent de leur côté une «mascarade», une «farce» ou encore «un coup monté». Pour eux, la procédure de destitution est motivée par l'aversion des démocrates pour un président au style peu conventionnel, et par leur peur de perdre de nouveau contre lui en 2020.
Ils assurent qu'il n'y a eu «aucune pression» exercée sur l'Ukraine, ce qu'a par ailleurs confirmé à plusieurs reprises le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Ils estiment que les demandes d'enquête étaient légitimes pour lutter contre des soupçons de «corruption» liés aux affaires du fils de Joe Biden, Hunter, dans ce pays. De son propre aveu, Joe Biden a en effet révélé comment il avait menacé, en mars 2016, le président ukrainien Petro Porochenko de retirer un prêt d'un milliard de dollars à Kiev s'il ne licenciait pas immédiatement le procureur général Viktor Chokine, qui supervisait une vaste enquête de corruption sur la société de gaz qui employait son fils.
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