La tension monte – de nouveau – entre Pékin et Washington. Le 3 décembre, la Chambre des représentants aux Etats-Unis a voté en faveur d'une loi appelant à imposer des sanctions contre la Chine en raison des internements de musulmans ouïghours dans des camps de rééducation. Le texte doit encore passer par le Sénat, mais dispose d'un soutien de poids : Donald Trump.
Nous envoyons un message à Pékin : l’Amérique observe et ne restera pas silencieuse
«Aujourd’hui, la dignité et les droits de l’homme des Ouïgours sont menacés par les actes barbares de Pékin, qui sont une insulte à la conscience collective mondiale», a déclaré la présidente de la Chambre américaine des représentants, la démocrate Nancy Pelosi, le 3 décembre. «Nous envoyons un message à Pékin : l’Amérique observe et ne restera pas silencieuse», a-t-elle ajouté.
La Chine promet de riposter
Ni une ni deux, la Chine a répliqué, exprimant sa «vive indignation» après le vote de la Chambre des représentants. Pékin a appelé Washington à «corriger son erreur» et ne pas «s’immiscer dans les affaires intérieures chinoises». Hua Chunying, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, estime que ce projet de loi «calomnie de façon arbitraire les efforts de la Chine en matière de déradicalisation et de lutte antiterroriste».
Le gouvernement chinois ne s'est pas arrêté là et promet de répliquer «en fonction de l’évolution de la situation», sans en dire plus.
La Chine va riposter avec des contre-mesures plus fortes, a affirmé Wei Jianguo, ancien vice-ministre chinois du Commerce et directeur exécutif adjoint du China Center for International Economic Exchanges dans un entretien au Global Times, journal proche du Parti communiste chinois. Ces contre-mesures pourraient être encore plus fortes que celles prises par la Chine après l'adoption par les Etats-Unis d'une loi soutenant les manifestants hongkongais. Comment cela pourrait se traduire ? Wei Jianguo affirme que le gouvernement chinois pourrait sanctionner certaines entités américaines jugées «non fiables» en limitant leurs activités sur le territoire chinois. Aussi, certaines personnalités pourraient voir leur entrée sur le territoire chinois réduite, voire interdite. «Les Chinois n'ont jamais peur d'une menace ou des Etats-Unis. Nous riposterons par des mesures sévères», a-t-il conclu.
Des organisations de défense des droits de l'Homme accusent les autorités chinoises d'avoir interné dans des camps jusqu'à un million de musulmans, principalement d'ethnie ouïghoure. Pékin récuse ce chiffre tout en faisant état de «centres de formation professionnelle» destinés à lutter contre la radicalisation islamiste, en réaction à une série d'attentats sanglants attribués ces dernières années à des activistes issus de la communauté ouïghoure.