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Les membres de l'OTAN peinent à afficher leur unité à Londres (EN CONTINU)

Réunis les 3 et 4 décembre, les 29 membres de l'OTAN ont peiné à afficher un visage cohérent. Huit mois après son 70e anniversaire, l'OTAN voit en effet se multiplier les querelles intestines.

Mercredi 4 décembre

La séquence fait tache alors que les membres de l'OTAN avaient fait leur possible pour afficher leur unité : Donald Trump a annulé sa conférence de presse, après avoir reproché à Justin Trudeau ses légères moqueries immortalisées par une caméra.

A l'issue d'un sommet marqué par leurs divergences, les membres de l'OTAN se sont rassemblés derrière une déclaration dénonçant la «menace» que représenteraient les «actions agressives» russes et évoquant le défi de la montée en puissance chinoise.

Lors de son intervention en conférence de presse ce 4 décembre à Watford, Emmanuel Macron a abordé la question des relations entre les membres de l'Alliance atlantique et la Russie, estimant que celle-ci constituait «une menace sur certains sujets», tout en la qualifiant également de «partenaire».

Le président français tient une conférence de presse à l'issue du sommet de l'OTAN.

Donald Trump a qualifié le Premier ministre canadien Justin Trudeau d'«hypocrite» après les moqueries de ce dernier, capturées par une caméra lors du sommet de l'OTAN. «Il est hypocrite. C'est un type bien... mais c'est comme ça», a affirmé le dirigeant américain.

Dans une vidéo capturée lors d'une discussion informelle, on pouvait entendre Justin Trudeau, aux côtés d'Emmanuel Macron et de Boris Johnson, se moquer de l'attitude de Donald Trump.

Les 29 membres de l'Otan ont adopté, à l'issue d'un sommet du 70e anniversaire marqué par d'importantes dissensions, une déclaration commune affirmant leur «solidarité, unité et cohésion» et reconnu pour la première fois la montée en puissance de la Chine comme un «défi».

Publié à l'issue d'une réunion des dirigeants dans un golf à Watford, en banlieue de Londres, le texte relève aussi la «menace» que représentent «les actions agressives» de la Russie, tout en assurant être une alliance uniquement «défensive», qui «ne représente une menace pour aucun pays».

Donald Trump a rencontré son homologue turc Recep Tayyip Erdogan en tête à tête en marge du sommet pour évoquer les vives tensions provoquées au sein de l'Alliance par l'intervention turque contre les forces kurdes dans le nord de la Syrie.

Les deux dirigeants ont eu «une rencontre très productive», a précisé le porte-parole de la présidence turque sur Twitter. La Maison Blanche a confirmé l'entretien pendant lequel a été évoquée notamment «l'importance que la Turquie remplisse ses engagements vis-à-vis de l'alliance».

Mardi 3 décembre

Lors d'une conférence de presse entre les deux hommes près de Londres, en marge du sommet des 70 ans de l'OTAN, Donald Trump a reproché à son homologue français une approche trop floue, à ses yeux, de la question du rapatriement des Français partis rejoindre Daech en Irak et en Syrie. Répondant à une question d'un journaliste, le chef d'Etat américain s'exprimait au sujet des djihadistes étrangers emprisonnés en Syrie, qui «viennent en majorité d'Europe», avant de proposer, de manière un peu cavalière, à Emmanuel Macron : «Voudriez-vous des combattants de l'Etat islamique ? [...] Vous pouvez prendre tous ceux que vous voulez !»

Le président français s'est alors lancé dans un long exposé : «Soyons sérieux, il y a beaucoup de combattants de l'Etat islamique qui viennent de Syrie, de l'Irak, de la région. Il y a certes des combattants étrangers qui viennent d'Europe, mais c'est une minorité à l'échelle du problème et la priorité principale c'est se débarrasser de l'Etat islamique et de ces groupes terroristes [...] Certains de ces combattants étrangers vont être jugés en Irak parce que leurs actions criminelles ont été faites dans cette région ; nous avons une approche humanitaire pour les enfants et nous aurons une approche au cas par cas. [...] Ne nous y trompons pas : le problème numéro 1, ce n'est pas les combattants emprisonnés [mais] les combattants en liberté dans la région et il y en a de plus en plus au vu de la situation actuelle.» Donald Trump a réagi à ces propos par un compliment railleur : «C'est la marque d'un grand homme politique, c'est la meilleure non-réponse que j'aie jamais entendue !»

Lire aussi : «C'est la meilleure non-réponse que j'aie jamais entendue» : Trump raille Macron devant la presse

Emmanuel Macron, Angela Merkel et Boris Johnson ont eu une rencontre «utile» de près d'une heure avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, après une montée de tensions liées au dossier syrien, rapporte l'AFP.

Cette réunion, organisée à Londres avant le début du sommet de l'OTAN, a été «bonne et substantielle», a déclaré la chancelière allemande. Mais elle «ne peut être que le début d'une discussion plus longue car le temps était trop limité», a-t-elle ajouté.

Emmanuel Macron a souligné que les quatre dirigeants avaient affiché «une claire volonté» de "dire que la priorité est la lutte contre Daech et le terrorisme dans la région [moyen-orientale], et que rien ne saurait la divertir». Il y a aussi «une convergence très forte»" entre eux sur le dossier des réfugiés en Turquie et sur la nécessité d'une solution pplitique au conflit syrien. Mais «toutes les clarifications n'ont pas été obtenues et toutes les ambiguïtés n'ont pas été levées», a ajouté le président français.

«L'Alliance s'est organisée pour faire face à la Russie historiquement. Aujourd'hui il nous faut regarder la nouvelle situation historique et aussi notre géographie», remarque le président français Emmanuel Macron.

Il ajoute : «L'ennemi commun aujourd'hui, ce sont les groupes terroristes. Et je suis désolé de le dire, mais nous n'avons pas la même définition du terrorisme [qu'Ankara]. Quand je regarde la Turquie, ils se battent à présent contre ceux qui ont combattu à nos côtés [en référence aux milices kurdes]. Et parfois ils travaillent avec des intermédiaires de l'EI.» Et de marteler : «Je pense qu'il y a un ennemi commun, c'est le terrorisme international, et en particulier le terrorisme islamiste. Soyons clair.» 

Des manifestants se réunissent à Trafalgar Square, à Londres, pour exprimer leur mécontentement face à la réunion des dirigeants de l’OTAN qui se tient près de la capitale britannique les 3 et 4 décembre.

Donald Trump et Emmanuel Macron ont estimé pouvoir régler leur conflit commercial lié à la taxe française sur le numérique, à laquelle Washington a répliqué en menaçant de surtaxer des produits français emblématiques.

«Nous avons un différend mineur. Je pense que nous allons probablement pouvoir le surmonter», a déclaré le président américain lors de sa rencontre avec Emmanuel Macron. «Je pense qu'avec le président Trump nous pouvons régler cette situation», a estimé le président français.

Lors d'une rencontre avec Donald Trump en marge du sommet de l'OTAN, Emmanuel Macron est revenu sur ses déclarations concernant l'«état de mort cérébrale» de l'OTAN. «J'assume ces déclarations», a lancé le chef d'Etat français.

«L'ennemi commun aujourd'hui, ce sont les groupes terroristes. Et je suis désolé de le dire, mais nous n'avons pas la même définition du terrorisme. Quand je regarde la Turquie, ils se battent à présent contre ceux qui ont combattu à nos côtés. Et parfois, ils travaillent avec des intermédiaires de l'EI», a-t-il affirmé, rappelant toutefois que l'Alliance atlantique avait également pour objectif de protéger les frontières européennes et de se montrer «solidaire des Etats de l'est et du nord de l'Europe».

«C'est une question stratégique. Si nous ne parlons que des finances et que nous n'avons pas de discussions claires sur ces problèmes, nous ne sommes pas sérieux envers nos soldats et envers nos populations», a déclaré le président français.

Le président français rencontre son homologue américain, à Watford (Angleterre), en marge du sommet de l'OTAN.

«Nous avons exprimé à plusieurs reprises notre volonté de coopérer avec l'OTAN, sur des menaces réelles comme le terrorisme international, les conflits armés locaux et le danger de la prolifération des armes de destruction massives», a déclaré le chef d'Etat russe Vladimir Poutine, cité par les agences de presse. Le maître du Kremlin a néanmoins, une fois encore, dénoncé l'expansion de l'organisation militaire à ses frontières : «Aujourd'hui, nous devons obligatoirement considérer que l'agrandissement de l'OTAN, le développement de ses infrastructures militaires près des frontières russes, constitue l'une des menaces potentielles pour la sécurité de notre pays».

S'exprimant à Sotchi lors d'une réunion avec des responsables militaires russes, Vladimir Poutine a déclaré que la politique d'expansion de l'OTAN constituait une menace pour la Russie.

Mais, en dépit des tensions qui demeurent, le chef d'Etat a fait savoir que la Russie était prête à coopérer avec l'OTAN, espérant que leur intérêt commun pour la sécurité prévaudrait. «Nous avons exprimé à plusieurs reprises notre volonté de coopérer avec l'Otan, sur des menaces réelles comme le terrorisme international, les conflits armés locaux et le danger de la prolifération des armes de destruction massives», a ainsi déclaré le président russe, cité par les agences de presse.

Le secrétaire général de l'Alliance atlantique Jens Stoltenberg a ouvert ce sommet en répondant aux propos du président turc Recep Tayyip Erdogan, qui compte bloquer le plan de l'Alliance atlantique concernant les pays baltes et la Pologne tant que la milice kurdes des YPG ne sera pas reconnue comme une organisation terroriste.

«Il est bien connu que nous avons des problèmes sur la façon de désigner les YPG en Syrie. Il y a des points de vue différents parmi les alliés de l'OTAN», a-t-il rappelé, ne faisant pas preuve d'un grand optimiste quant à la résolution de ce différend d'ici la fin du sommet : «Je ne le promettrai pas, mais ce que je peux dire, c’est que nous y travaillons. Mais ce n’est pas comme si l’OTAN n’avait pas de plan pour défendre les pays baltes.»

S'exprimant après une rencontre avec le président américain Donald Trump, Jens Stoltenberg a déclaré que l'OTAN bénéficiait toujours d'un soutien solide aux Etats-Unis évoquant un «grand paradoxe», selon lequel les citoyens, tout en remettant en question le lien transatlantique, soutenaient l'OTAN. Il s'est par ailleurs félicité que les Etats-Unis ne quittent pas l'Europe, soulignant le nombre de troupes américaine actuellement en poste sur le Vieux continent.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a prévenu qu'il continuerait de bloquer un plan de l'OTAN concernant les pays baltes et la Pologne tant que l'alliance ne reconnaîtra pas comme «terroriste» la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) combattue par Ankara.

Selon la presse turque, Ankara a mis son veto à un plan de l'OTAN visant à renforcer les défenses des pays baltes et de la Pologne face à la Russie, en réaction au blocage d'un texte décrivant les YPG comme une «menace».

«Si nos amis de l'OTAN refusent de reconnaître [les YPG] comme une organisation terroriste [...], alors désolé, mais nous nous opposerons à toutes les mesures qui voudront être prises», a confirmé le président turc avant de se rendre au sommet.

Le président américain Donald Trump a qualifié de «très insultant» le jugement de «mort cérébrale» porté par le président français Emmanuel Macron sur l'OTAN et annoncé son intention de lui en parler lors d'un entretien prévu dans la journée.

C'est un jugement «très, très méchant a l'adresse de 28 pays», a-t-il ajouté lors d'un point de presse avec le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg.

Donald Trump s'est par ailleurs dit «très surpris» par la déclaration d'Emmanuel Macron et l'a jugée «très dangereuse» pour la France. «Personne n'a besoin de l'OTAN plus que la France», a-t-il affirmé.

Les dirigeants des pays de l'OTAN se réunissent les 3 et 4 décembre à Watford, près de Londres, pour un sommet qui marque le 70e anniversaire de l’Alliance atlantique. L'ambiance ne sera pourtant pas à la fête, l'organisation traversant une crise importante.

En cause, la désunion majeure affichée par ses membres, au sujet notamment de l'opération turque en Syrie, qui a révélé selon Emmanuel Macron «l'état de mort cérébrale» de l'OTAN. Des propos violemment critiqués par le président turc Recep Tayyip Erdogan ainsi que par le chef d'Etat américain Donald Trump.

Le président turc a par ailleurs prévenu qu'il continuerait de bloquer un plan de l'Alliance atlantique concernant les pays baltes et la Pologne tant que celle-ci ne reconnaîtra pas comme «terroriste» la milice kurde des YPG, combattue par Ankara. 

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