En matière de défense européenne, «l'UE et l'OTAN sont complémentaires, ne sont pas rivales», a déclaré Ursula von der Leyen, lors d'une conférence de presse, peu après avoir obtenu l'investiture à la présidence de la Commission européenne par les eurodéputés à Strasbourg. «L'OTAN est certainement la plus forte alliance militaire dans le monde et l'Union européenne ne sera jamais une alliance militaire, elle est complètement différente», a ajouté l'ancienne ministre allemande de la Défense, semblant donc compromettre l'idée d'une «Europe de la Défense» chère au président français.
Ces déclarations, en tout état de cause, surviennent trois semaines après des propos d'Emmanuel Macron remettant en cause la pertinence de l'Alliance atlantique. «Ce qu’on est en train de vivre, c’est la mort cérébrale de l’OTAN», avait affirmé le chef de l'Etat, lors d'une interview au magazine The Economist. Emmanuel Macron avait expliqué ce constat par le désengagement américain vis-à-vis de ses alliés de l'Alliance atlantique et du comportement de la Turquie, également membre de l'organisation militaire. Partant, il avait appelé à «clarifier maintenant quelles sont [les] finalités stratégiques» de l'OTAN. Dans le même temps, le président français avait plaidé à nouveau pour «muscler» l'Europe de la Défense. L'«Europe [...] doit se doter d’une autonomie stratégique et capacitaire sur le plan militaire», faisait-il valoir, rappelant sa proposition de l'an passée, de création d'une «vraie armée européenne». Or, cette dernière idée avait provoqué l'ire de Washington... allié de la France au sein de l'OTAN.
Macron isolé sur l'«Europe de la Défense» ?
Entre temps, Angela Merkel a pris la défense de l'OTAN, le 27 novembre. L'alliance militaire a été «un rempart contre la guerre», qui a garanti «la liberté et la paix» depuis 70 ans, en partie grâce à «nos amis américains», a fait valoir la chancelière allemande.
«L'Europe ne peut pas se défendre seule pour le moment, nous dépendons de l'Alliance transatlantique. Il est important que nous travaillions pour cette Alliance et que nous assumions davantage de responsabilités», a également dit la dirigeante du gouvernement allemand. A rebours, donc, de la France qui plaide pour le développement d'une défense européenne autonome – et paraît donc bien isolée sur le sujet.
Lire aussi : Les Etats-Unis reprochent à l'Union européenne de freiner l'adhésion de nouveaux membres à l'OTAN