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Bolivie : les sénateurs considèrent caduque la présidentielle remportée par Evo Morales

Un texte de loi prévoyant la tenue de nouvelles élections présidentielle et législative a été adopté ce 23 novembre par les sénateurs boliviens. Il prévoit également l’invalidation des résultats du scrutin remporté par l'ancien chef d'Etat bolivien.

Ce 23 novembre, le Sénat bolivien a annoncé l’adoption «à l’unanimité» d’un projet de loi relatif à l’organisation de nouvelles élections présidentielle et législatives censée tourner la page d’une période de transition mouvementée et conduite par l'autoproclamée présidente par intérim, la très contestée Jeanine Anez. «Les élections [générales] tenues le 20 octobre sont sans effet juridique et donnent lieu à de nouveaux votes pour l'élection de nouveaux dirigeants», peut-on lire dans le communiqué de la chambre haute du Parlement. 

Le texte dispose également que le mandat ne peut être renouvelé qu'une fois consécutivement et ferme ainsi la porte à une participation de l’ancien président Evo Morales, qui a déjà effectué trois mandats. Le propre parti de l’ancien président socialiste, MAS (Mouvement vers le socialisme), majoritaire au Parlement, a voté en faveur du texte. Pour qu'il ait force de loi, il devra recevoir le feu vert des députés et être promulgué par Jeanine Anez. 

Dénonçant un «coup d'Etat civil-politique-militaire» avec le concours de groupes violents, Evo Morales a présenté sa démission de la présidence le 10 novembre. Le président socialiste, dont la réélection était contestée par l'opposition qui criait à la «fraude», avait d'abord proposé, en vain, de nouvelles élections pour sortir de la crise et lever les doutes. Toutefois, lâché par l'armée et la police, il a finalement expliqué lors d'une allocution télévisée avoir décidé de démissionner «pour que [les opposants d'alors] Carlos Mesa et Luis Camacho cessent de maltraiter et de porter atteinte à des milliers de frères» boliviens. 

Depuis le départ d'Evo Morales, ses partisans se réunissent quotidiennement dans la capitale, La Paz, mais aussi à travers tout le pays comme à Cochabamba, sa ville d’origine, pour exiger le départ de Jeanine Anez, qui s’est autoproclamée présidente par intérim le 12 novembre. Des heurts ont plusieurs fois éclaté lors de ces rassemblements et au moins 32 personnes ont trouvé la mort depuis le début des événements.

Le ministre de l'Intérieur Arturo Murillo a annoncé le 22 novembre avoir déposé plainte contre Evo Morales pour «sédition et terrorisme», affirmant qu'il a appelé depuis le Mexique ses partisans à «encercler» les villes pour accentuer les blocages.

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