L’ancien président bolivien Evo Morales, poussé à la démission le 10 novembre dernier, a lancé, le 20 novembre sur Twitter, un appel à la communauté internationale lui demandant de mettre fin à la répression mise en place depuis le début de la crise post-électorale. «Je lance un appel à la CIDH [Commission interaméricaine des droits de l'homme] et à l’ONU à dénoncer et à mettre fin au massacre de frères indigènes réclamant la paix, la démocratie et le respect de la vie dans les rues», a-t-il déclaré, qualifiant le nouveau pouvoir autoproclamé de «dictature», et avançant le chiffre de «30 morts et de dizaines de blessés».
«Après le coup d’Etat, nous dénombrons près de 30 morts. Ce massacre fait partie d’un génocide qui se déroule actuellement dans notre chère Bolivie […] Ils tuent mes frères et sœurs [amérindiens]», a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse à Mexico, où il a reçu l’asile politique.
Vers de nouvelles élections ?
Depuis la démission du leader de gauche, ses partisans se réunissent quotidiennement dans la capitale, La Paz, mais aussi à travers tout le pays comme à Cochabamba, ville d’origine d’Evo Morales, pour exiger le départ de Jeanine Anez, qui s’est autoproclamée présidente par intérim le 12 novembre.
Des heurts ont plusieurs fois éclaté lors de ces rassemblements. Les 16 et 17 novembre, neuf paysans pro-Morales ont été tués lors d’affrontements avec la police et l’armée dans le fief de l’ancien président. Huit personnes ont également trouvé la mort le 19 novembre, dans la ville d’El Alto, en banlieue de la capitale, selon l’Institut des enquêtes médico-légales (IDIF), portant le nombre total provisoire de morts à 32.
De son côté la présidente par intérim autoproclamée a envoyé, le 20 novembre, un projet de loi au Parlement afin d’organiser de nouvelles élections (présidentielles et législatives), un mois à peine après le scrutin du 20 octobre, duquel Evo Morales était sorti en tête du premier tour avec 47,08% des voix selon le Tribunal suprême électoral (TSE).
Le texte prévoit l’annulation de la dernière élection et la mise en place d’un nouveau TSE chargé de définir la date du prochain vote. Il sera néanmoins difficile pour Jeanine Anez de faire passer la mesure, le Parlement étant majoritairement contrôlé par le Mouvement vers le socialisme (MAS) d’Evo Morales qui dénonce pour sa part un «coup d’Etat».
Toutefois, celle qui dispose de la possibilité d’émettre un décret présidentiel pour convoquer de nouvelles élections, pourrait se passer de l’assentiment du Parlement. «Si Dieu le veut, aujourd’hui [le 20 novembre], dans la matinée, nous allons convoquer les élections, comme le réclame tout le pays», a-t-elle déclaré devant la presse, précisant être à la recherche d’un «consensus national» et écartant donc une décision unilatérale.
De plus, le gouvernement intérimaire participe actuellement à un dialogue initié par l’Eglise depuis le 18 novembre, réunissant tous les partis de la société civile. Aucune information sur l'avancée des discussions n’a encore filtré alors que la mobilisation en faveur du président déchu ne cesse de grandir.