Scandant «Jeanine démission», ils étaient de nouveau plusieurs milliers de partisans de l’ancien président, Evo Morales, à défiler dans les rues de La Paz, en Bolivie, le 18 novembre, pour demander le départ de Jeanine Áñez, nouvelle présidente par intérim, qui a remplacé le dirigeant de gauche après sa démission le 10 novembre. Ce dernier dénonce un «coup d'Etat» après que l'armée et la police l'ont lâché.
Les pro-Morales ont continué leurs défilés dans la capitale, réclamant la démission de la nouvelle présidente par intérim, comme on peut le constater sur des images d’une journaliste de Telesur, chaîne sud-américaine basée à Caracas.
Ils ont également bloqué la route menant à une des principales usines de gaz de La Paz.
Des manifestants, dont beaucoup étaient des Amérindiens, comme le président déchu, brandissaient la wiphala, la bannière multicolore des indigènes andins, assurant que l’éviction d’Evo Morales avait été un véritable «coup d’Etat».
«Nous voulons la démission de la présidente autoproclamée. Nous réclamons la justice pour tous nos collègues tombés au combat […] La police et l’armée nous tuent comme des animaux ! Nous voulons la justice», a déclaré l’un d’entre eux, cité par Telesur, après le décès de neufs paysans pro-Morales à Cochabamba, fief d’Evo Morales, lors d’affrontements avec la police et l’armée les 16 et 17 novembre. «Respectez la vie ! Non aux balles», pouvait-on lire sur des pancartes brandies par les manifestants.
D’après des images captées par l’agence vidéo Ruptly, des affrontements ont éclaté entre les manifestants et la police anti-émeute le 18 novembre. Les forces de l’ordre ont fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogène pour les disperser et des incendies ont été observés sur plusieurs routes, dégageant d’épais panaches de fumée.
Les manifestants se sont par ailleurs insurgés contre un décret pris par Jeanine Áñez, exemptant de poursuites pénales les forces de l’ordre dans l’exercice de leur fonction. Pour ses opposants, ce texte est décrit comme un «permis de tuer». L’ONG Amnesty international a demandé, le 18 novembre, son abrogation.
Dénonçant un «coup d'Etat civil-politique-militaire» avec le concours de groupes violents, Evo Morales a présenté sa démission le 10 novembre. Le président socialiste, dont la réélection était contestée par l'opposition qui dénonçait des fraudes, avait d'abord proposé, en vain, de nouvelles élections pour sortir de la crise et lever les doutes. Toutefois, il a finalement accepté de démissionner lors d'une allocution télévisée, mettant en avant la nécessité de pacifier le pays.
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