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«De quoi je me mêle ?» : un candidat à la présidentielle algérienne accuse Le Drian d’ingérence

Lors d'un passage télévisé, l'ancien Premier ministre et candidat à la présidentielle Abdelmadjid Tebboune, a notamment reproché au chef de la diplomatie française d’avoir appelé à l’instauration d’«une période de transition politique» en Algérie.

A l’approche d’un scrutin présidentiel contesté par la rue, les cinq candidats en lice pour succéder au président algérien déchu Abdelaziz Bouteflika, ont commencé à évoquer les grandes lignes de leur programme dans les médias. Un exercice auquel s’est plié le 10 novembre l’ancien Premier ministre Abdelmadjid Tebboune, sur la chaîne privée algérienne EL Bilad. Parmi les problématiques abordées lors de son entretien, figurait notamment la situation politique actuelle marquée par le mouvement de contestation qui secoue l’Algérie depuis mi-février.

A ce sujet, Abdelmadjid Tebboune n'a pas manqué de fustiger la couverture médiatique de ce mouvement en France : «Je vois une chaîne de télévision publique française [France 24] qui ne voit l'Algérie qu'à partir de la place de la Grande Poste et de la place Audin [lieux d'Alger accueillant chaque semaine les manifestants opposés à la présidentielle]», a déclaré Abdelmadjid Tebboune.

Rebondissant sur cette déclaration, l'animateur a alors demandé à Abdelmadjid Tebboune s'il estimait que Paris s'ingérait dans les affaires intérieures de l'Algérie. Ce à quoi ce dernier a répondu : «La France s'ingère gravement. Je ne parle pas de la France officielle, je ne me permettrais pas […] Mais le ministre des Affaires étrangères français [Jean-Yves Le Drian] a appelé à une période de transition en Algérie. Le peuple algérien ne veut pas de cette période de transition. De quoi je me mêle ?», a-t-il lancé non sans manifester un certain agacement. 

Le responsable algérien fait ainsi allusion à la dernière intervention du ministre français sur la situation en Algérie. A l’occasion du 1er novembre (fête nationale algérienne), le patron du Quai d’Orsay avait formulé le «souhait de la France» de voir les Algériens trouver «ensemble les chemins d’une transition démocratique». «C’est en effet aux Algériens et à eux seuls qu’il revient de décider de leur avenir. C’est ce que nous espérons pour l’Algérie, compte tenu des liens profonds qui nous rattachent à ce pays», avait-il ajouté.

Avec Abdelmadjid Tebboune, les autres candidats à l'élection présidentielle du 12 décembre prochain, ont tous pour point commun celui d’avoir soutenu – plus ou moins brièvement – la politique d'Abdelaziz Bouteflika : Azzedine Mihoubi et Abdelkader Bengrina ont été ministres sous sa présidence. Ali Benflis a, lui, été Premier ministre de 2000 à 2003 sous l'ancien président avant d'en devenir l'opposant. Quant à Abdelaziz Belaïd, il a notamment fait partie d'organisations de jeunes qui ont aussi soutenu l’ancien chef de l’Etat algérien. 

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