En Amérique latine, les dirigeants de gauche du Venezuela, du Nicaragua, de Cuba, ainsi que le président élu argentin Alberto Fernandez (péroniste, centre-gauche) et l'ancien président brésilien Lula, ont tous dénoncé un «coup d'Etat» contre Evo Morales. Le président bolivien, qui s'est dit lui-même victime d'un «coup d'Etat civil-politique-militaire» avec le concours de groupes violents, a présenté sa démission ce 10 novembre, après avoir été lâché par l'armée et la police.
«C'est un coup d'Etat qui ne pardonne pas à Evo [Morales] d'avoir amené la Bolivie à la meilleure croissance économique et sociale d'Amérique latine», a twitté le président vénézuélien Nicolas Maduro.
Le président cubain Miguel Diaz-Canel a condamné la «droite», responsable selon lui d'un «violent et lâche coup d'Etat mené contre la démocratie en Bolivie».
Cuba, allié traditionnel du dirigeant socialiste bolivien, a exprimé via son ministre des Affaires étrangères Bruno Rodriguez sur Twitter, sa «solidarité avec le frère président Evo Morales, protagoniste et symbole de la revendication des peuples indigènes de nos Amériques».
Autre allié d'Evo Morales, le Nicaragua a «condamné énergiquement le coup d'Etat» contre le président bolivien. «Nous exigeons que l'on respecte sa liberté, son intégrité physique et sa vie», a déclaré dans un communiqué le président nicaraguayen Daniel Ortega.
En Argentine, le président élu (il doit prendre ses fonctions le 10 décembre) Alberto Fernandez, a dénoncé similairement un «coup d'Etat produit par l'action conjointe de civils violents, du personnel policier qui s'est démobilisé et de la passivité de l'armée».
Le chef de la diplomatie mexicaine, Marcelo Ebrard, a déclaré pour sa part que son pays, «conformément à sa tradition d'asile et de non-intervention», avait recueilli 20 personnes issues du pouvoir législatif et exécutif de Bolivie dans sa résidence officielle de La Paz (capitale bolivienne) et offrait par ailleurs l'asile à Evo Morales.
Le ministre a par ailleurs appelé dans un autre tweet à la «solidarité internationale» pour faire respecter l'«intégrité» de ses établissements diplomatiques en Bolivie.
Lula : «Il est regrettable que l’Amérique latine ait une élite économique qui ne sait pas accepter la démocratie»
Autre figure de la gauche anti-impérialiste latino-américaine, l'ancien président péruvien nationaliste Ollanta Humala a dénoncé une «rupture institutionnelle» et a exprimé sa «solidarité» avec Evo Morales, «obligé de prendre la décision de démissionner afin que la violence provoquée par l'opposition ne fasse pas plus de mal au peuple».
Il est regrettable que l’Amérique latine ait une élite économique qui ne sait pas accepter la démocratie
Même son de cloche du côté de l'ancien président brésilien Lula (Parti des travailleurs), qui a dénoncé un «coup d'Etat» sur Twitter.
«Il est regrettable que l’Amérique latine ait une élite économique qui ne sait pas accepter la démocratie et l’inclusion sociale des plus pauvres», a-t-il par ailleurs estimé.
Des chefs de file de la gauche européenne prennent position
Depuis la France, le chef de file de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a lui aussi dénoncé un «coup d'Etat».
«Les amis des USA et de l'Union Européenne ont rétabli leur "démocratie" : pogroms anti-indiens, tabassages de journalistes et d'élus, putch militaire. Tel est leur monde idéal», s'est indigné le député de Marseille. Son parti a publié un communiqué de soutien au président bolivien, dénonçant la «violence de l’extrême-droite putchiste» dans le pays.
En Espagne, le chef de file du parti de gauche radicale Podemos, Pagblo Iglesias, a assuré le soutien de sa formation «au peuple bolivien et à Evo Morales».
«Je condamne ce coup d'Etat contre le peuple bolivien et je les soutiens pour la démocratie, la justice sociale et l'indépendance», a enfin twitté le chef des travaillistes britanniques Jeremy Corbyn.
Evo Morales lâché par l'armée et la police
Evo Morales a présenté sa démission ce 10 novembre. Le président socialiste, dont la réélection est contestée par l'opposition, avait d'abord proposé, en vain, de nouvelles élections pour sortir de la crise et lever les doutes. Mais, lâché par l'armée et la police, il a finalement exposé les raisons de son départ lors d'une allocution télévisée : «J'ai décidé de démissionner de mon poste pour que [les opposants] Carlos Mesa et Luis Camacho cessent de maltraiter et de porter atteinte à des milliers de frères.» Rappelant ses responsabilités en tant que «président indigène et président de tous les Boliviens», il a ajouté : «J'ai l'obligation de rechercher la paix et cela me fait très mal que nous nous affrontions entre Boliviens.»
L'opposition ne reconnaît pas les résultats de l'élection présidentielle du 20 octobre qu'Evo Morales déclare avoir remportée dès le premier tour.