Mardi 12 novembre
L'avion d'Evo Morales a atterri au Mexique, selon l'AFP.
Evo Morales a annoncé dans la nuit du 11 au 12 novembre qu'il partait pour le Mexique, pays qui lui a accordé l'asile, après avoir démissionné la veille de la présidence de la Bolivie.
Des médias locaux ont annoncé quelques minutes plus tôt qu'un avion militaire mexicain s'était posé sur un aéroport de la région de Cochabamba, dans le centre de la Bolivie, pour venir chercher Evo Morales. «Frères et sœurs, je pars pour le Mexique», a twitté l'ancien président peu après 01h30.
Une foule de manifestants en colère partisans d'Evo Morales se dirigent vers La Paz à partir de la ville voisine d'El Alto, un bastion de l'ancien président. Arborant des whipalas, du nom du drapeau symbole des peuples indigènes, ils étaient des centaines en route vers la capitale administrative.
Dans le même temps, plusieurs véhicules blindés de l'armée faisaient route vers Alto.
Sur Twitter, le président Evo Morales remercie les manifestations de soutien en faveur «de notre gouvernement démocratique qui a été renversé par le coup d'État civique-politique-policier».
«Comme en octobre 2003, le complice du fugitif Gonzalo Sánchez de Lozada, Carlos de Mesa, a inauguré son coup d'Etat avec la répression pour faire des morts et des blessés à La Paz et à El Alto. La communauté internationale est témoin de cet attentat contre la vie», a-t-il affirmé dans un autre message. Il faisait référence à l'accession de l'opposant Carlos Mesa (arrivé second lors du scrutin du 20 octobre 2019) à la présidence de la République en 2003 après la démission de Gonzalo Sánchez de Lozada, dont il était le vice-président, en raison d'une violente répression de manifestations contre les hausses de prix ayant suivi les privatisations dans le secteur du gaz. 80 personnes avaient perdu la vie et 500 avaient été blessées.
Le ministre mexicain des Affaires étrangères Marcelo Ebrard, cité par Reuters, affirme qu'Evo Morales a fait une demande d'asile politique au Mexique, et que celle-ci a été acceptée. Il a ajouté «en vertu du droit international», avoir demandé à son homologue bolivien de garantir le passage, en sécurité, du président démissionnaire en dehors de la Bolivie.
«Sa vie et son intégrité physique sont menacées», a expliqué le ministre lors d'une conférence de presse à Mexico.
Evo Morales avait auparavant fait savoir qu'il était visé par un mandat d'arrêt «illégal» en Bolivie, où le chaos et l'incertitude demeurent. Les arrestations se sont en effet multipliées ces dernières heures, de même que les violences et les affrontements.
Le Mexique estime que les événements qui se sont produits en Bolivie sont assimilables à un «coup d'Etat».
Lundi 11 novembre
La deuxième vice-présidente du Sénat bolivien, l'opposante Jeanine Añez, appelée en vertu de la Constitution à succéder au poste de chef de l'Etat à Evo Morales après sa démission, a annoncé la convocation prochaine d'une élection présidentielle afin que «le 22 janvier nous ayons un président élu».
«Nous allons convoquer des élections avec des personnalités qualifiées qui vont conduire le processus électoral afin de refléter ce que veulent tous les Boliviens», a-t-elle déclaré à son arrivée au Parlement.
Elle a poursuivi, appelant au calme : «Vous allez m'excuser, mais je suis émue [...] Je vous demande, pour l'amour de Dieu de mettre fin à cette violence. Nous voulons seulement la démocratie, nous voulons seulement la liberté.»
En réaction à la démission d'Evo Morales, la Maison blanche commente dans un communiqué : «Les Etats-Unis applaudissent le peuple bolivien pour avoir réclamé la liberté, et l'armée bolivienne pour avoir respecté son serment de protéger, pas simplement une seule personne, mais la constitution de la Bolivie.»
Washington ajoute que «ces événements envoient un signal fort aux régimes illégitimes du Venezuela et du Nicaragua».
Dans les rues boliviennes, le chaos demeure.
ATTENTION LES IMAGES SUIVANTES PEUVENT HEURTER LA SENSIBILITE
Des affrontements entre partisans et opposants d'Evo Morales ont éclaté, notamment à La Paz.
Des images montrent des manifestants, le visage en sang. Aucun bilan précis n'a été communiqué pour l'heure, alors que la Bolivie fait face à une vacance du pouvoir.
De nombreuses arrestations ont également eu lieu.
Ca et là, des barricades ont été dressées.
L'ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique, et spécialiste de l'Amérique latine, Maurice Lemoine s'est exprimé sur RT France au sujet de la situation en Bolivie. Pour lui, cela ne fait aucun doute : «On est face à un coup d'Etat [...] à caractère fasciste.»
Le gouvernement espagnol a critiqué ce 11 novembre le rôle de l'armée et de la police boliviennes dans la démission forcée du président Evo Morales, après trois semaines de manifestations violentes.
«Cette intervention [de l'armée et de la police] nous ramène à des époques passées de l'histoire latino-américaine», a indiqué le ministère espagnol des Affaires étrangères dans un communiqué.
Des figures de la gauche latino-américaine et européenne, au pouvoir ou dans l’opposition, telles que le président vénézuélien Nicolas Maduro, le président cubain Miguel Diaz-Canel, l'ancien président brésilien Lula, le chef de file de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon ou encore le leader du parti travailliste britannique Jeremy Corbyn, ont dénoncé un «coup d'Etat» en Bolivie.
Des scènes de violence ont éclaté à La Paz et à El Alto, une ville proche de la capitale bolivienne, à la suite de la démission du président Evo Morales, lâché par l'armée et la police.
Des manifestants ont notamment envahi l'ambassade vénézuélienne.
Evo Morales a annoncé qu'un mandat d'arrêt «illégal» avait été émis contre lui. «Je dénonce devant le monde et le peuple bolivien qu'un officier de police a annoncé publiquement qu'il a reçu instruction d'exécuter un mandat d'arrêt illégal émis contre ma personne», a écrit l'ancien dirigeant socialiste sur Twitter. «De la même manière, des groupes violents ont attaqué mon domicile. Les putschistes détruisent l'Etat de droit», a ajouté le chef d'Etat, dont les agences de presse ignoraient le soir du 11 novembre où il se trouvait.
Le commandant de la police, Vladimir Yuri Calderon, a démenti l'existence d'un tel mandat d'arrêt à la télévision locale Unitel, mais l'un des principaux opposants à Evo Morales, Luis Fernando Camacho, a confirmé l'existence d'un mandat d'arrêt contre lui.
Le président élu argentin, Alberto Fernandez, a dénoncé un «coup d'Etat» en Bolivie.
«En Bolivie a eu lieu un coup d'Etat produit par l'action conjointe de civils violents, du personnel policier qui s'est démobilisé et de la passivité de l'armée. C'est un coup perpétré contre le président [Evo Morales], qui avait convoqué un nouveau processus électoral», a écrit le chef d'Etat, un péroniste de centre-gauche qui entrera dans ses fonctions de président le 10 décembre.
Tandis que l'incertitude demeure en terme de transition de pouvoir après la démission d'Evo Morales et que de premières arrestations ont été menées, le ministre des Affaires étrangères du Mexique, Marcelo Ebrard s'est exprimé : «Le Mexique, conformément à sa tradition d'asile et de non-intervention, a reçu 20 personnalités de l'exécutif et du législatif de Bolivie dans la résidence officielle à La Paz, et s'il en décidait ainsi, nous offririons aussi l'asile à Evo Morales.»
Le chef de la police, Vladimir Yuri Calderon, qui avait appelé à la démission d'Evo Morales, a annoncé l'arrestation de la présidente du Tribunal électoral, Maria Eugenia Choque, et de son vice-président Antonio Costas. Ceux-ci ont été emmenés par des soldats cagoulés en vue d'être entendus sur de présumées irrégularités commises durant le scrutin d'octobre.
Dénonçant un «coup d'Etat civil-politique-militaire» avec le concours de groupes violents, Evo Morales, lâché par l'armée et la police, a présenté sa démission ce 10 novembre. Il a annoncé s'être résigné afin de tenter de «pacifier» le pays, où les violences s'enchaînent depuis trois semaines. En marge des affrontements, les maisons de plusieurs responsables du gouvernement ont été incendiées. Le proche d'un membre du gouvernement a même été pris en otage.
L'opposition ne reconnaît pas les résultats de l'élection présidentielle du 20 octobre, qu'Evo Morales a remportée dès le premier tour. Ce dernier avait proposé le 10 novembre, quelques heures avant de finalement démissionner, d'organiser de nouvelles élections afin de dissiper les doutes.