Ces deux évadés font partie d'un contingent de 58 Belges – hommes et femmes – issus des rangs djihadistes (des FTF ou Foreign terrorist fighters), actuellement recensés en Syrie et en Irak. Dans ce groupe, «se sont échappés d'une prison: 2 FTF hommes (dont 1 condamné par défaut en Belgique pour terrorisme)», selon un document de l'Ocam, l'agence antiterroriste belge, dont l'AFP a obtenu copie.
Deux députés joints par l'AFP ont confirmé cette information : «Cela s'est passé ces derniers jours, depuis l'offensive turque c'est sûr», a précisé l'un d'eux, le centriste Georges Dallemagne.
Parmi ces 58 femmes et hommes, la quasi totalité (55) sont localisés dans des centres de détention ou des camps sous contrôle kurde en Syrie, et 3 en Irak a par ailleurs souligné le député. Outre ces personnes considérées comme «des combattants», l'Ocam a recensé «jusqu'à 56 mineurs de moins de 12 ans» ayant un lien avec la Belgique, actuellement dans les camps du nord-est syrien. Six d'entre eux, retenus avec leurs trois mères à Aïn-Issa, ont fui ce camp ces derniers jours à la suite d'un bombardement, selon les informations communiquées aux députés.
«La situation est devenue complètement incontrôlable»
Dans ces camps sous contrôle kurde, proches de la zone ciblée par l'invasion turque lancée la semaine dernière, «la situation est devenue complètement incontrôlable», a commenté le député (Ecolo) Samuel Cogolati. «On perd un à un nos contacts sur place», a-t-il ajouté, en réitérant l'appel des écologistes à rapatrier les enfants et à faire juger les adultes en Belgique.
Le nord-est syrien est en plein chaos sécuritaire depuis l'offensive militaire lancée la semaine dernière par la Turquie voisine, qui cible des Kurdes. L'invasion suscite l'inquiétude quant à l'éventualité de voir des milliers de djihadistes du groupe terroriste Daech – notamment les combattants européens – en profiter pour s'évader des centres de détention gérés par les Kurdes. Selon l'administration locale kurde, 12 000 djihadistes présumés de Daech sont détenus par les forces de sécurité kurdes dans le nord-est syrien.
Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est d'ailleurs inquiété dans une très courte déclaration adoptée à l'unanimité le 16 octobre «du risque de dispersion» des djihadistes retenus prisonniers dans le nord-est de la Syrie, sans toutefois réclamer la fin de l'offensive militaire turque contre les Kurdes.