Le Parlement français a autorisé, le 8 octobre, via un vote de l'Assemblée, la ratification du nouveau traité entre la France et l'Allemagne signé à Aix-La-Chapelle, les députés communistes et insoumis ayant cependant affiché leur «hostilité» à ce texte. La ratification a été approuvée par 479 voix contre 42, et 1 abstention.
La secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Amélie de Montchalin a défendu un traité «ambitieux» signé le 22 janvier par Emmanuel Macron et Angela Merkel, lors des débats dans l'hémicycle la semaine précédente. Déjà approuvé au Sénat en juillet, il «entend ouvrir une nouvelle ère dans la relation particulière» entre les deux pays.
Le nouveau traité de «coopération» et d'«intégration» doit «complét[er]» le traité d'amitié de l'Élysée signé en 1963 entre le général de Gaulle et Konrad Adenauer, dans des domaines comme la défense, la diplomatie, l'économie ou la coopération transfrontalière.
La France réaffirme aussi son soutien de longue date à l'entrée de l'Allemagne comme membre permanent du Conseil de sécurité
Il prévoit notamment «une clause de défense mutuelle» en cas d'agression. Il entend aussi «resserrer les liens entre les citoyens et les entreprises de part et d'autre de la frontière» et réaffirme l'objectif du bilinguisme dans les territoires transfrontaliers. France et Allemagne instituent un «conseil franco-allemand d'experts économiques», chargé de faire des «recommandations sur l'action économique».
«La France réaffirme aussi son soutien de longue date à l'entrée de l'Allemagne comme membre permanent du Conseil de sécurité [à l'ONU]» , a indiqué Amélie de Montchalin, soulignant qu'il n'est «en rien question que la France abandonne son propre siège permanent». Elle a aussi noté que le traité «permet d'innover» dans les relations parlementaires, estimant que l'Assemblée parlementaire franco-allemande créée au printemps dernier, «facilitera le rapprochement» des «législations» et des «peuples».
Avant sa signature en janvier dernier, le traité avait soulevé de nombreuses critiques au sein de l'opposition, des voix à droite et au Rassemblement national (RN), notamment, l'accusant d'amenuir la souveraineté de la France.
Insoumis et communistes font entendre leur désaccord à l'Assemblée
Lors des débats sur sa ratification à l'Assemblée, le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a défendu une motion de rejet. Il a salué «comme tout le monde» les «marques d'amitié» envers le «grand voisin» allemand qui «nous a envahi trois fois depuis 1870», mais «ne partage pas l'idée d'après laquelle il y aurait un couple franco-allemand». «Je ne vois pas ce que la libido vient faire dans ce type de relations», a-t-il ajouté. «Il n'y a aucune raison pour que ceux qui nous traitent avec souvent beaucoup d'arrogance de Club Med constituent un allié privilégié», a-t-il insisté.
Stéphane Peu (PCF) a aussi estimé qu'il y avait un risque pour l'UE à «entériner à ce point le noyau dur de l'Europe».
Les autres groupes ont soutenu la ratification.
Dans la foulée, les députés ont approuvé une proposition de résolution commune de l'Assemblée parlementaire franco-allemande pour «une mise en œuvre rapide et ambitieuse du traité».