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Pour Alger, Mathilde Panot n'a pas été arrêtée mais sa présence revenait à de l'ingérence

Le chef de la diplomatie algérienne par intérim a démenti que Mathilde Panot ait été interpellée en Algérie, comme l'a affirmé son parti, La France insoumise. Il a toutefois assimilé la venue de la députée française à de l'ingérence.

La députée La France insoumise (LFI), Mathilde Panot, n'a pas été interpellée en Algérie, contrairement aux affirmations de son groupe politique à l'Assemblée nationale française : c'est ce qu'a affirmé en substance, le 7 octobre, le ministre algérien des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, cité par l'agence APS.

Dans un communiqué du 2 octobre, LFI s'insurgeait de l'interpellation de la vice-présidente de son groupe à l'Assemblée nationale et de ses accompagnateurs. «Après intervention de Jean-Yves Le Drian», selon les Insoumis, la députée et son groupe d'accompagnateurs avaient pu regagner la France.

LFI  affirmait que Mathilde Panot avait été interpellée le 1er octobre à Béjaïa, à 220 km à l'est d'Alger, puis ramenée «sous escorte» dans la capitale algérienne où «elle a[vait] été placée sous surveillance dans un hôtel», avant d'être reconduite à l'aéroport afin de regagner la France. Mathilde Panot avait, elle aussi, affirmé avoir été «immobilisée» après un échange avec des étudiants et professeurs ayant participé à une marche du mouvement de contestation qui secoue l'Algérie depuis février.

«Les manifestations [...] sont réservées aux citoyens du pays et non aux étrangers»

«Il ne s'agit pas d'une arrestation», a assuré le chef de la diplomatie algérienne, tout en insistant sur le fait que «les manifestations de par le monde sont réservées aux citoyens du pays et non aux étrangers».

S'il nie l'interpellation, le ministre algérien du gouvernement de transition a toutefois émis des critiques quant à la présence de la députée française en territoire algérien pour participer au mouvement de contestation. Mathilde Panot est une «députée en France et non en Algérie», a-t-il rappelé. «Sa participation aux marches en Algérie pourrait être interprétée comme une ingérence étrangère et une atteinte à la souveraineté nationale», a ajouté le chef de la diplomatie algérienne. 

Le ministre a rappelé, à cet égard, que «le principe de non-ingérence dans les affaires internes d'autrui [était] une règle inaliénable pour l'Algérie qui refuse toute ingérence dans ses affaires internes quelle qu'en soit l'origine, s'agissant aussi bien d'une personne civile ou politique».

Dans un message sur Facebook, la députée insoumise du Val-de-Marne, qui avait prévu de rester plusieurs jours en Algérie, avait expliqué s'y être rendue «en tant que militante de la révolution citoyenne» et pour «rencontrer les acteurs et actrices du mouvement populaire». Elle avait aussi dénoncé des incarcérations et condamnations abusives, selon elle, de manifestants algériens.

Déclenché en février, le mouvement de contestation en Algérie, qui a poussé le président Abdelaziz Bouteflika à démissionner début avril, réclame toujours le départ de l'ensemble du «système» au pouvoir avant tout scrutin. Après l'annulation de la présidentielle prévue début juillet, faute de candidats, le pouvoir intérimaire a annoncé en septembre une nouvelle date pour l'élection, le 12 décembre, conformément au souhait de l'armée. Mais dès cette annonce, la rue a exprimé massivement son rejet d'un quelconque scrutin organisé par les tenants de ce pouvoir.

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