Près de 10 000 manifestants se sont rassemblés ce 6 octobre dans le centre-ville de Kiev pour protester contre la perspective d'une autonomie accrue des territoires de l'est du pays, qui pourrait être accordée dans le cadre des efforts de paix prônés par le président Volodymyr Zelensky depuis son élection en mai 2019.
Les protestataires se sont réunis sur la place du Maïdan à Kiev puis ont défilé en scandant «Non à la capitulation, non à l'amnistie», ainsi que des slogans hostiles au président Volodymyr Zelensky en tenant des pancartes «la guerre continue», rapporte l'AFP.
Présent lors du rassemblement, l'ancien président Petro Porochenko – partisan d'une ligne dure face à Moscou – a assuré aux manifestants qu'ils faisaient «tout comme il f[allait]» et les a remerciés.
Cité par l'agence de presse hexagonale, un des commandants du bataillon de volontaires Aïdar, une unité controversée et accusée de crimes de guerre par Amnesty International, a pour sa part déclaré : «Nous nous réservons le droit de continuer la lutte. S'il y a demain un ordre [donné à l'armée ukrainienne] de se retirer [...] nous pourrions investir ces positions».
A l'origine de l'ire des manifestants : le fait qu'une délégation ukrainienne ait paraphé le 1er octobre un document traitant de l'autonomie future des régions rebelles.
Le volontarisme politique de Zelensky a porté ses fruits
Avancée majeure dans le cadre du réchauffement des relations russo-ukrainiennes, la démarche est considérée comme une concession inacceptable par les nationalistes et plusieurs organisations paramilitaires.
Le conflit dans l'Est de l'Ukraine est en grande partie gelé depuis la signature d'accords de paix à Minsk en 2015, malgré des flambées de violences sporadiques. Le volet politique de ces accords, qui comprend notamment un statut spécial pour les territoires rebelles, n'a jamais été appliqué.
Ce statut spécial pourrait faire l'objet de négociations lors d'un prochain sommet entre les présidents ukrainien et russe, sous la médiation de Paris et Berlin. Aucune date pour ce sommet au format dit «Normandie», attendu depuis septembre, n'a été annoncée.
En tout état de cause, contrastant avec le gel diplomatique entre les deux pays sous la présidence de Petro Porochenko, l'arrivée au pouvoir de son successeur, Volodymyr Zelensky, s'est accompagnée d'une reprise du dialogue avec la Russie.
Echange historique de prisonniers entre Moscou et Kiev, mise en pause de la résiliation d’accords bilatéraux entamée sous Porochenko ou encore récente acceptation par l'Ukraine d'une feuille de route visant à un règlement du conflit dans le Donbass : les efforts de paix russo-ukrainiens semblent en effet porter leurs premiers fruits, permettant pour l'heure un réchauffement des relations diplomatiques entre les deux pays.
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