International

A l'ONU, Fayez el-Sarraj condamne l'ingérence française en Libye

Le chef du gouvernement de Tripoli accuse la France de soutenir en sous-main le général Haftar dans la guerre civile libyenne. Le dialogue entre les deux leaders libyens est au point mort.

Lors de la 74e édition de l'Assemblée générale de l'ONU, le chef du gouvernement d'accord national (GNA) en Libye, Fayez al-Sarraj, a vigoureusement dénoncé «l'ingérence étrangère néfaste» dans la guerre civile qui secoue le pays.

Selon lui, «cette crise a grandi vers un assaut militaire en règle contre la capitale avec une aide financière et militaire extérieure [venue d'autres pays].» Il a tancé les gouvernements français et égyptiens, revenant sur l'affaire de la découverte de missiles javelin antichars français, ou encore sur l'attitude de l'Egypte «[donneuse] de leçons».

Il est cependant resté enthousiaste sur l'implication de l'ONU en Libye, et a applaudi la récente décision du Conseil de sécurité de proroger sa mission visant à stabiliser le pays.

Le chef du gouvernement de Tripoli fait face, depuis avril, à une offensive conduite par son rival, le maréchal Khalifa Haftar, dirigeant de l'armée nationale Libyenne (ANL). Le général est le dirigeant de facto de la Chambre des représentants, parlement concurrent au gouvernement de Fayez el-Sarraj à Tripoli. Après des succès initiaux conduisant Khalifa Haftar aux portes de Tripoli, l'ANL s'est empêtrée dans une guerre de position.

L'implication trouble de la France dans le jeu libyen

Pour Tripoli, il est clair que la France soutient le maréchal Haftar en sous-main malgré la volonté d'Emmanuel Macron d'organiser des élections en Libye. Depuis le début de la guerre civile en 2014, les soupcons d'un soutien du président français au maréchal Haftar ont été grandissant. Le 20 juillet, trois sous-officiers de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) ont ainsi été tués près de Benghazi, qui abrite le QG de l'ANL où se trouve le maréchal Khalifa Haftar.

Le 14 avril, des Français munis de passeports diplomatiques détenant des armes et du matériel du renseignement ont été arrêtés à Ras-Jedir, à la frontière tunisienne. Si Paris les avaient alors qualifiés «d'éléments sécuritaires», le gouvernement tunisien a immédiatement accusé ces personnes de travailler pour les services de renseignements français. Le gouvernement de Tripoli a également affirmé que ces groupes avaient collecté des renseignements au service de l'offensive menée par le maréchal Khalifa Haftar à Tripoli.

Nous avons besoin de dialogue et nous avons besoin de nous asseoir.

De même, l'affaire des missiles retrouvés par le GNA en juin avaient relancé les accusations du gouvernement de Fayez-el-Sarraj de soutien au maréchal Haftar. La France avait alors fait savoir que ces missiles «[n'avaient pas été] entre des mains libyennes», et que «ces missiles n'ont pas pu être détruit à temps». Lors d'une réunion tenue le 25 septembre à l'initative de la France et de l'Italie, le maréchal Khalifa Haftar a appelé à une relance des pourparlers mais a néanmoins très vite averti qu'il n'y aurait aucun dialogue tant que «des groupes terroristes et des milices criminelles contrôl[aient] Tripoli».

Lire aussi : Libye : retour sur huit années de chaos