«Pas de pression, rien du tout» : Donald Trump a contesté le 25 septembre toute irrégularité après la publication du contenu d'un échange dans lequel il demande à son homologue ukrainien d'enquêter sur son rival démocrate Joe Biden. Cet échange, «accablant» selon l'opposition, met en difficulté le 45e président américain, désormais menacé par une procédure de destitution.
De nouveaux développements dans cette affaire sont à attendre ce 26 septembre avec l'audition par le Congrès du directeur du renseignement national, Joseph Maguire, qui avait d'abord refusé de leur transmettre le signalement à l'origine du scandale, rédigé par un lanceur d'alerte membre des services de renseignement. Ce mystérieux document, dont tout Washington attend la publication, a été consulté dans la soirée du 25 septembre par un groupe restreint de parlementaires à huis clos.
«Il est évident qu'il y a beaucoup de choses très troublantes là-dedans», a déclaré le sénateur républicain Ben Sasse en sortant. Mais sa voix restait plutôt isolée dans son camp. Chez les démocrates, plusieurs élus ont jugé ce document «profondément troublant». Leur leader au Sénat, Chuck Schumer, a appelé à sa «publication immédiate». Promettant la «transparence» sur ce mystérieux lanceur d'alerte qui a fait part à sa hiérarchie de ses inquiétudes concernant l'appel entre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et Donald Trump, celui-ci a toutefois déclaré que l'agent n'avait eu accès qu'à des informations «supposément de seconde main».
Donald Trump a tenté le 26 septembre de balayer les critiques en se posant en président actif sur tous les fronts diplomatiques, pendant que ses adversaires démocrates s'acharnaient, selon lui, dans des «chasses aux sorcières» sans fin. «Une destitution pour ça ? C'est une blague!», a-t-il lancé lors d'une conférence de presse dans un hôtel new-yorkais, proche du siège des Nations unies. «Les démocrates ont fait ça durant la semaine des Nations unies, c'était tout planifié...», a-t-il avancé.
Une demande d’enquête mais aucune «pression»
La Maison Blanche a fini par publier le 25 septembre la retranscription de cet échange sur la base de notes prises par des conseillers américains, dans lequel le président américain demande à son homologue ukrainien de se renseigner sur une enquête pour corruption qu'aurait fait stopper Joe Biden en 2016 sur une société dans laquelle travaillait son fils en Ukraine.
Volodymyr Zelensky a alors répondu qu'il était «au courant de la situation» et a demandé à son homologue s'il disposait d'informations supplémentaires sur le sujet. Donald Trump n'évoque cependant pas dans la conversation la suspension d'une aide militaire de 400 millions de dollars à l'Ukraine pour faire pression sur son homologue, comme une partie de la presse et ses adversaires politiques démocrates le lui reprochent.
Le 25 septembre, Donald Trump a assuré que cet échange était parfaitement «anodin» et qu'il n'avait exercé «aucune pression» sur son homologue ukrainien. «Ce fut un bon échange téléphonique, normal», a abondé Volodymyr Zelensky lors de sa première rencontre avec Donald Trump, à New York. «Personne n'a fait pression sur moi», a-t-il encore assuré.
Adam Schiff voit en Donald Trump un «chef mafieux»
Malgré ces dénégations, les démocrates ont jugé que la transcription reflétait «sans ambiguïté un abus choquant et accablant de la fonction présidentielle pour un gain politique personnel». «C'est comme cela qu'un chef mafieux parle», a ainsi estimé le démocrate Adam Schiff.
A quelques 400 jours du scrutin, les démocrates ont lancé le 24 septembre la première étape de la mise en accusation solennelle du président, une procédure rare et explosive qui a peu de chances d'aboutir à sa destitution, mais jette une ombre sur sa campagne de réélection. Ils le soupçonnent d'avoir gelé une aide de près de 400 millions de dollars destinée à Kiev pour forcer le président ukrainien à l'aider. Dans l'échange téléphonique entre les deux hommes, Donald Trump ne mentionne cependant pas cette aide.
Compte-tenu de la majorité démocrate à la Chambre, Donald Trump risque bien d'être mis en accusation (un «impeachment»), ce qui n'est arrivé qu'à deux de ses prédécesseurs. La chaine NBC News estimait dans la soirée du 25 septembre que 218 membres sur les 435 que compte la Chambre (soit la majorité nécessaire) soutenaient cette option. Mais le Sénat, où les républicains sont majoritaires, devra ensuite instruire le «procès» du président et rendre son verdict à une majorité des deux-tiers. Pour que le président soit destitué, les démocrates devraient convaincre 20 sénateurs républicains, ce qui paraît hautement improbable à ce stade.