Donald Trump a une nouvelle fois farouchement nié le 23 septembre avoir fait pression sur l'Ukraine pour tenter de nuire à son rival politique Joe Biden, balayant la menace d'une procédure de destitution malgré les appels de plus en plus pressants agitant l'opposition démocrate.
Alors même que la pression monte sur les chefs démocrates du Congrès américain pour qu'ils lancent cette procédure explosive, le président républicain a affirmé ne pas prendre «du tout au sérieux» cette perspective.
Joe Biden et son fils sont corrompus
«Je n'ai mis aucune pression» sur l'Ukraine, a-t-il réaffirmé en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, à New York. Le président américain a par là même invité la presse à plutôt se pencher sur le cas de Joe Biden, ancien vice-président de Barack Obama et favori de la primaire démocrate pour la présidentielle de 2020.
«Joe Biden et son fils sont corrompus», a-t-il ainsi accusé évoquant une affaire présumée de corruption en Ukraine, et des pressions sur un procureur. «Si un républicain disait ce que Joe Biden a dit, il aurait droit à la chaise électrique immédiatement», a poursuivi le dirigeant de la première puissance mondiale. La veille, il avait confirmé avoir parlé à l'été 2018 à son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, de cette affaire en mentionnant explicitement Joe Biden et son fils, Hunter, qui a travaillé pour un groupe gazier ukrainien à partir de 2014.
Les démocrates veulent l'ouverture d'une procédure de destitution à son encontre
L'opposition démocrate accuse Donald Trump d'avoir, lors de cette conversation, profité de sa position pour pousser le chef d'Etat ukrainien à enquêter sur Joe Biden, en utilisant notamment une aide militaire comme levier de pression, une infirmation démentie par l'intéressé. Le magnat de l'immobilier a affirmé que sa conversation avec Volodymyr Zelensky avait été «très honnête» et a émis le souhait que la retranscription de l'appel controversé puisse être publiée.
Le 23 septembre, les quotidiens Washington Post et New York Times ont rapporté – citant de hauts responsables de l'administration américaine sous couvert d'anonymat – que dans les jours précédant la conversation téléphonique, Donald Trump avait ordonné à son chef d'état-major de suspendre quelque 400 millions de dollars sur l'aide militaire prévue pour l'Ukraine.
Trois puissantes commissions parlementaires, menées par des démocrates, ont pressé le même jour le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, de forcer ses services à leur livrer d'autres documents concernant l'Ukraine. Ceux-ci concerneraient «les tentatives du président et de son avocat personnel, Rudy Giuliani, de demander l'aide d'un pouvoir étranger afin d'intervenir dans l'élection présidentielle de 2020», selon les démocrates.
Après deux ans d'une vaste enquête sur l'ingérence russe présumée lors de la campagne 2016 – qui a laissé Donald Trump hors de cause après une cabale médiatico-politique sans précédent aux Etats-Unis – et une multitude d'investigations parlementaires ciblant le locataire de la Maison Blanche, les démocrates ont émis le souhait que cette affaire ukrainienne puisse elle déboucher sur l'ouverture d'une procédure de destitution.
Le directeur par intérim du renseignement national auditionné le 26 septembre
La Chambre des représentants, à majorité démocrate, serait chargée d'ouvrir cette procédure de mise en accusation. Puis le Sénat, contrôlé par les républicains qui restent en majorité fidèles au président américain, serait chargé du «procès».
Réticente jusqu'ici à emprunter cette voie impopulaire, la présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, a menacé le 22 septembre Donald Trump d'une escalade vers une «toute nouvelle étape de l'enquête» parlementaire s'il empêchait le lanceur d'alerte à l'origine de l'affaire de témoigner.
Une date butoir se profile : l'audition publique prévue le 26 septembre du directeur par intérim du renseignement national Joseph Maguire. Nancy Pelosi veut qu'il livre à cette occasion les détails du signalement. Si la majorité républicaine au Sénat a annoncé qu'elle tentait d'organiser dès cette semaine une réunion à huis clos avec les responsables du renseignement, le soutien à Donald Trump semble encore solide dans ses rangs.
Est-il convenable pour un président de parler de Joe Biden à un dirigeant étranger? «Non», a réagi le sénateur républicain Marco Rubio auprès de l'AFP. «Mais cela est différent d'une faute passible d'une procédure de destitution», a-t-il immédiatement ajouté. «[Les démocrates] espèrent qu'ils tiennent quelque chose, mais moi je ne le vois vraiment pas», a renchéri son collègue John Barrasso.
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