Le tribunal militaire de Blida (sud d’Alger), abrite ce 23 septembre un procès hors norme : le frère et conseiller d’Abdelaziz Bouteflika, Saïd, les deux généraux et ex-directeurs des services secrets algériens Mohamed Mediene dit «Toufik» et Athmane Tartag, ainsi que la présidente du parti des travailleurs, Louisa Hanoune. La justice militaire les avait inculpés en mai dernier pour «atteinte à l’autorité de l’armée» et «complot contre l’autorité de l’Etat».
Saïd Bouteflika et les deux ex-chefs du renseignement avaient été incarcérés le 5 mai dernier. Quant à Louisa Hanoune, placée en détention provisoire le 9 mai, sa demande de libération avait été rejetée à trois reprises. Lors de l'instruction, la défense de cette dernière avait admis qu'elle avait pris part à une réunion avec Saïd Bouteflika et Mohamed Mediene le 27 mars, au lendemain d'une déclaration publique du chef de l'armée Ahmed Gaïd Salah, exigeant l’application de l’article 102 déclarant la vacance du poste du président de la République.
Les prévenus risquent la peine capitale
Les quatre prévenus sont en jugés en vertu des articles 77 et 78 du code pénal et 284 du Code de justice militaire. Cette dernière disposition stipule que «tout individu coupable de complot ayant pour but de porter atteinte à l’autorité du commandant d’une formation militaire, d’un bâtiment ou d’un aéronef militaire, ou à la discipline ou la sécurité de la formation, du bâtiment ou de l’aéronef, est puni de la réclusion criminelle de cinq à dix ans».
De son côté, l’article 77 du Code pénal indique que «l’attentat, dont le but a été de détruire ou de changer le régime, soit d’inciter les citoyens ou habitants à s’armer contre l’autorité de l’Etat [...] est puni de la peine de mort. L’exécution ou la tentative constitue seule l’attentat».
Quant à l'article 78, il précise que «le complot ayant pour but les crimes mentionnés par l’article 77, s’il a été suivi d’un acte commis ou commencé pour en préparer l’exécution, est puni de la réclusion à temps de 10 à 20 ans». La peine est réduite de moitié si le complot «n’a pas été suivi d’un acte commis ou commencé pour en préparer l’exécution».
Depuis la démission du président Abdelaziz Bouteflika, les arrestations de personnalités influentes se sont succédé dans le pays. Si certains saluent ces arrestations, d’autres fustigent une instrumentalisation de la justice du pouvoir actuel, accusé de vouloir offrir des têtes aux Algériens qui exigent la fin du système politique actuel.