Le Parlement vénézuélien, contrôlé par l'opposition, a désigné ce 17 septembre l'opposant Juan Guaido au poste de président par intérim du Venezuela. Les députés ont ainsi déclaré leur «soutien politique inconditionnel à la nomination de Juan Guaido en tant que président de l'Assemblée nationale et comme président par intérim jusqu'à ce que l'usurpation [de Nicolas Maduro] ne cesse».
Cet épisode de la crise institutionnelle au Venezuela entre l'opposition et le gouvernement marque une nouvelle étape dans le bras de fer qui dure depuis janvier. Dans les faits, le Parlement a été remplacé par une Assemblée constituante, élue en 2017 et composée de fidèles de Maduro. L'opposition l'a toujours considérée comme illégitime. Le 5 janvier, Juan Guaido, nommé à la tête du Parlement, n'a pas reconnu le second mandat de Nicolas Maduro, déclaré vainqueur de l'élection présidentielle de 2018. Dans un second temps, le 23 janvier, il s'est autoproclamé «président en exercice», et a été reconnu dans la foulée par les Etats-Unis, le Canada, le Brésil, la Colombie et le Pérou.
Bénéficiant de la protection des Etats-Unis, Guaido s'est retrouvé néanmoins affaibli par l'échec de son «opération liberté» menée en avril, lors de laquelle une tentative de coup d'Etat militaire s'est brisée sur la fidélité de la grande majorité de l'armée au gouvernement. En août dernier, les Etats-Unis déclaraient le gel total des avoirs du gouvernement vénézuélien, plaçant le pays dans la même situation d'embargo total que la Corée du Nord ou Cuba.
La crédibilité de Guaido a par ailleurs été écornée par la publication d'une photographie le montrant avec des narcotrafiquants et des paramilitaires du groupe Los Rastrojos, avec qui il aurait négocié son entrée en territoire colombien. Le soutien inconditionnel d'Ivan Duque, président de la Colombie voisine, n'a pas affaibli la controverse.
Le 18 septembre, le gouvernement de Maduro a relâché l'opposant et soutien de Guaido Edgar Zambrano, vice-président du Parlement. Il était en prison depuis mai après avoir soutenu le projet de coup d'Etat militaire fin avril. Si cette libération constitue un geste d'apaisement de la part de l'exécutif, les tensions entre le gouvernement de Maduro et les autres pays du groupe de Lima restent vives. Ainsi, Nicolas Maduro a qualifié le 17 septembre Jair Bolsonaro, le président brésilien, «d'extrémiste» et l'a accusé d'être «en quelque sorte un Hitler sud-américain».