Asilé en Russie depuis 2013, l’ancien employé de la National Securtity Agency (NSA), Edward Snowden, qui avait révélé plusieurs programmes de surveillance de masse mis en place par les Etats-Unis et le Royaume-Uni, a donné une longue interview au Guardian dans laquelle il revient sur la perception de la Russie en Occident et principalement aux Etats-Unis.
Après avoir voyagé dans le pays et visité les villes de Saint-Pétersbourg ou de Sotchi, l’informaticien a avoué que la Russie était «l’un des plus beaux pays du monde» dans lequel les gens étaient «amicaux» et «chaleureux». «Quand je suis arrivé ici [en Russie] je n’y comprenait rien. J’étais terrifié par l’endroit car il représentait la forteresse de l’ennemi, c’est en tout cas comme cela que les agents de la Central Intelligence Agency (CIA) perçoivent la Russie», a-t-il expliqué.
«Il faut être prêt à se battre pour une cause si on veut du changement»
Regrettant que les idées préconçues des Américains sur le pays soient si éloignées de la réalité, il a rappelé que, malgré ce que pensent beaucoup d’étasuniens, il était possible d’avoir accès exactement aux mêmes biens et services de part et d’autre du Pacifique. Grand amateur de fast-food, l’ancien employé de la CIA a simplement regretté qu’il n’y ait pas plus de restaurants de la chaîne Taco Bell, spécialisée dans la nourriture Tex-Mex.
Rappelant n’avoir jamais imaginé vivre en Russie, Edward Snowden s’est finalement fait à son nouveau quotidien. Il confie beaucoup voyager à travers le pays, aller au restaurant ou recevoir des invités mais, très casanier, il assure passer le plus clair de son temps dans son appartement situé dans la banlieue moscovite, devant son écran d’ordinateur.
Alors que son livre Mémoire Vive sera disponible en librairie le 17 septembre prochain, jour anniversaire de la Constitution américaine, Edward Snowden a tenu à alerter sur les dérives auxquelles sont confrontées les sociétés modernes. «Le plus grand danger reste à venir avec les progrès de l’intelligence artificielle comme avec la reconnaissance faciale», a-t-il prévenu.
Il demande à ce que les gens soient informés des restrictions de libertés mises en place par les gouvernements, assurant vivre «dans un monde meilleur et plus libre» depuis ses révélations. «Il faut être prêt à se battre pour une cause si on veut du changement […] J’espère que ce livre aidera les gens à faire leurs propres choix», a-t-il également déclaré.
Au cours de l’interview, il est par ailleurs revenu sur un moment critique de son plan d’extraction de données. Alors qu’il avait dissimulé des documents dans un vieil ordinateur, et qu’il tentait de les récupérer, un de ses supérieurs l’a surpris lui demandant pour quelle raison il s’occupait de cette machine. «Alors je l’ai regardé dans les yeux et lui ai dit : «Je vole des secrets»». Et c’est exactement ce qu’il était en train de faire.