Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a annoncé qu'il annexerait la vallée du Jourdain, une partie de la Cisjordanie occupée qui abrite les colonies de peuplement israéliennes, s'il remporte les élections législatives du 17 septembre. Lors d'une conférence de presse tenue ce 10 septembre à Ramat Gan, près de Tel-Aviv, le chef du gouvernement israélien a promis «d'appliquer la souveraineté israélienne» à la vallée du Jourdain, qu'il a qualifiée de «frontière orientale» et de «mur de défense» d'Israël.
«Aujourd'hui, j'annonce mon intention d'appliquer, avec un futur gouvernement, la souveraineté d'Israël sur la vallée du Jourdain et la partie nord de la mer Morte», a-t-il déclaré. Bien que se trouvant en territoire palestinien, la région est actuellement sous contrôle total d'Israël. La vallée du Jourdain représente 30% de la Cisjordanie, territoire sous occupation israélienne depuis 1967. Au regard du droit international et d'une grande partie de la communauté internationale, cette occupation est illégale et constitue une entrave majeure à la paix.
Il détruit non seulement la solution à deux Etats, mais toute chance de paix, ça change la donne
Ce plan sera «une opportunité historique et unique d'appliquer notre souveraineté sur nos colonies en Judée et Samarie et en d'autres lieux clés pour notre sécurité, notre patrimoine et notre futur», a ajouté le Premier ministre israélien.
Une promesse qui pourrait mettre le feu aux poudres
Dans une déclaration à l'AFP, Hanane Achraoui, une cadre de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), a estimé qu'une telle opération constituerait «une violation flagrante du droit international», «un vol de terre flagrant» et un «nettoyage ethnique». «Il détruit non seulement la solution à deux Etats, mais toute chance de paix, ça change la donne», a-t-elle averti.
La diplomatie jordanienne, dont les propos sont rapportés par l'AFP, avertit de son côté que l'annexion d'un pan de la Cisjordanie «entraînerait toute la région dans la violence».
L’ONU a également mis en garde Israël sur les répercussions néfastes que pourrait avoir cette décision sur les négociations de paix. «Une telle perspective serait dévastatrice pour la possibilité de relancer les négociations, la paix régionale et l'essence même d'une solution à deux Etats [Israël et la Palestine]», a affirmé le porte-parole de l'ONU. «Toute décision israélienne visant à imposer ses lois, ses juridictions et son administration en Cisjordanie occupée n'aurait aucun effet international légal», a ajouté le représentation onusien.
Cette promesse électorale intervient à une semaine des élections législatives israéliennes, qui s'annoncent très disputées. Le Premier ministre sortant, qui tente de récolter le vote des colons juifs favorables à l'annexion de la Cisjordanie, fait jeu égal dans les sondages avec l'ancien chef de l'armée Benny Gantz, tête de liste du parti centriste «Bleu-blanc».
Lire aussi : Israël : le Parlement israélien vote sa propre dissolution à l'instigation du Likoud