Le président américain Donald Trump aime décidément casser les codes de la diplomatie traditionnelle. Dans une série de tweets, il a annoncé avoir repoussé sa visite prévue initialement les 2 et 3 septembre au Danemark, suite à ses échanges quelque peu tendus avec Copenhague concernant sa volonté d'acquérir le Groenland.
«Le Danemark est un pays très spécial, avec des gens incroyables, mais étant donné les commentaires du Premier ministre Mette Frederiksen, selon lesquels elle n'aurait aucun intérêt à discuter de l'achat du Groenland, je vais repousser notre rencontre prévue dans deux semaines à un autre moment», avait-il ainsi fait savoir le 20 août sur Twitter.
Une décision que l'impétueux chef d'Etat a justifié le lendemain en déplorant les termes employés par Mette Frederiksen pour décliner sa proposition : «La déclaration du Premier [ministre] selon laquelle c'était une idée absurde [d'acheter le Groenland] était méchante.»
«Tout ce qu'elle avait à faire était de dire "non, nous ne serons pas intéressés" par l'idée de vendre le Groenland», a lancé le milliardaire devant des journalistes, avant de rappeler que le président Harry Truman, au milieu du XXe siècle, s'était déjà montré intéressé par cette immense île de l'Arctique. «Elle ne s'adresse pas à moi, elle s'adresse aux Etats-Unis d'Amérique. On ne parle pas de cette façon aux Etats-Unis», a poursuivi le locataire de la Maison Blanche.
Copenhague «contrarié» par l'annulation
Cette annulation a quelque peu pris de court le Premier ministre du Danemark, qui a fait part de sa «surprise» lors d'une conférence de presse. «Je suis évidemment contrariée et surprise par l'annulation de la visite d'Etat du président américain», a-t-elle fait savoir le 21 août, avant de tenter de désamorcer le conflit .«Le Danemark et les Etats-Unis ne sont pas en crise», a-t-elle ainsi assuré, soulignant que l'invitation du royaume scandinave au président américain «restait valable». La reine Margrethe, à l'origine de l'invitation de Donald Trump, a elle aussi exprimé sa «surprise» suite à l'annulation de sa visite, dans un commentaire écrit transmis à la chaîne de télévision publique DR.
Mais le coup de sang du président américain, ne devrait toutefois pas entamer les bonnes relations qu'entretiennent Washington et Copenhague. Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo et le ministre danois des Affaires étrangères Jeppe Kofod ont tous les deux tenu, après avoir échangé par téléphone ce 21 août, à réaffirmer les liens étroits entre les deux pays. «Les Etats-Unis et le Danemark sont de proches amis et alliés», a ainsi tweeté Jeppe Kofod, alors que la porte-parole de la diplomatie américaine a fait savoir que Mike Pompeo avait évoqué lors de cette conversation une «coopération renforcée avec le Royaume du Danemark dans l'Arctique – y compris le Groenland».
En déplacement dans ce territoire autonome rattaché au Danemark, le Premier ministre Mette Frederiksen avait qualifié d'«absurde» la proposition d'achat du président américain, le poussant à annuler sa visite prévue début septembre. Copenhague, avait-elle par ailleurs rappelé en substance, n'a pas même le pouvoir de vendre cette entité qui bénéficie d'une large autonomie.
Peuplé de 56 000 habitants, le Groenland est une gigantesque île arctique, grande comme quatre fois la France. Ses ressources naturelles (pétrole, gaz, or, diamant, uranium, zinc, plomb) et le réchauffement climatique qui ouvre de nouvelles voies maritimes attisent les convoitises, notamment des Etats-Unis, de la Chine et de la Russie.
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