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Incarcéré depuis 15 mois, le journaliste russe Vychinsky dans les limbes de la justice ukrainienne

Le journaliste russe, accusé de «haute trahison», est incarcéré à titre préventif depuis plus d'un an. Le président Zelensky ne se hâte pas d’évoquer sa libération, malgré un appel de plus de 250 journalistes en ce sens.

MISE A JOUR DU 20/08/2019 : La cour d’appel de Kiev a de nouveau reporté l’audience de Kirill Vychinsky, directeur du site RIA Novosti Ukraine, filiale de l’agence de presse russe RIA Novosti, l’un des juges étant malade, selon l’avocat du journaliste russe, Andreï Domansky. 

La cour d’appel de Kiev a reporté au 20 août l’examen de l’appel de la défense de Kirill Vychinsky, directeur du site RIA Novosti Ukraine (filiale de l’agence de presse russe RIA Novosti), incarcéré depuis plus d'un an. Une plainte a en outre été déposée en raison de la prolongation de la détention du journaliste jusqu’au 19 septembre. Le cas du journaliste russe n'a toujours pas provoqué de réaction officielle du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, malgré un appel en ce sens de journalistes russes et internationaux. 

Arrêté le 15 mai 2018 à Kiev, sur la base d'accusations de «haute trahison», Volodymyr Zelensky risque jusqu'à 15 ans de prison. Il est notamment accusé de soutien aux républiques autoproclamées de l'est du pays. Les autorités ukrainiennes lui reprochent en outre de mener une «guerre de l’information». 

Lors de la dernière audition dans l’affaire Vychinsky, qui a eu lieu le 19 juillet à Kiev, le journaliste russe a plaidé non coupable. La prochaine audience sur le choix de nouvelles mesures de sûreté aura lieu le 16 septembre. 

Par ailleurs, l'avocat du directeur de RIA Novosti Ukraine, Andreï Domansky, est soupçonné de privatisation illégale d'une propriété non-résidentielle par le parquet général de l’Ukraine. L’avocat considère cela comme une tentative des autorités ukrainiennes de l’empêcher de représenter Kirill Vychinsky.

Appel à la libération de Vychinsky  de plus de 250 journalistes 

En avril 2019, plus de 250 journalistes de Russie et d'autres pays ont signé un appel destiné au nouveau président ukrainien, Volodymyr Zelensky, lui demandant de libérer Vychinsky. Mais cet appel n'a pas eu à ce jour l'effet escompté.

Auparavant, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait estimé que le «retour» de Kirill Vychinsky en Russie serait «un excellent premier pas» vers le rétablissement des relations entre les deux ex-républiques soviétiques. La présidence ukrainienne avait accueilli favorablement la proposition du Kremlin de libérer le journaliste de RIA Novosti Kirill Vychinsky, emprisonné à Kiev... à condition de l'«échanger» contre le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov, condamné à 20 ans de prison en Russie pour terrorisme. La déléguée russe aux droits de l'Homme auprès du Kremlin, Tatiana Moskalkova, a répondu à la présidence ukrainienne en affirmant que Kirill Vychinsky était lui-même «catégoriquement opposé à tout échange» et que sa libération devait se faire sans conditions. La responsable russe a par ailleurs estimé que le journaliste était innocent et que toutes les accusations portées contre lui étaient «absurdes»

Depuis son arrestation, le journaliste est en détention provisoire, sans possibilité de liberté conditionnelle, et subit des restrictions du droit de visite. Le parquet a rédigé un acte d’accusation de 80 pages, contenant 72 articles ou éditoriaux publiés par l’agence russe depuis 2014, qu'il accuse de contenir des informations fausses ou des cas de manipulation de l’information. Kirill Vychinsky assure de son côté que ces accusations sont absurdes.

L'Ukrainien Oleg Sentsov, 43 ans, a quant à lui été condamné à 20 ans de prison par un tribunal russe pour terrorisme et trafic d'armes. Soutenu par une bonne partie du monde politique et culturel occidental, qui réclame sa libération, le cinéaste s'est vu décerner le prix Sakharov, qui récompense les efforts visant à «défendre les droits de l’Homme et les libertés fondamentales», par le Parlement européen. La justice russe l'a jugé coupable d'avoir coordonné l’action d'un groupe paramilitaire néonazi ukrainien lié au groupe ultranationaliste Secteur Droit (Pravy Sektor), dans des projets d'attaques contre des institutions politiques et des infrastructures de Crimée. Oleg Sentsov a entamé une grève de la faim en détention.

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