Le président algérien par intérim Abdelkader Bensalah a chargé le 25 juillet six personnalités de mener le dialogue qu'il avait appelé de ses vœux le 3 juillet. Ce dialogue, il l'avait promis «sans l'Etat et sans l'armée» mais selon de nombreux observateurs, les six personnes retenues ne sont pas des figures importantes de la contestation en cours dans le pays depuis le 22 février.
Selon un communiqué publié par l'agence officielle APS, photos à l'appui, Abdelkader Bensalah a reçu le 25 juillet à Alger «les membres du Panel des personnalités appelé à mener» ce dialogue, comprenant notamment Karim Younes, ancien président de la Chambre basse et ministre sous Bouteflika, Fatiha Benabbou, professeur de droit public et Smail Lalmas, chef d'entreprise. Dans une interview accordée au site TSA, celui-ci a affirmé que la réussite du dialogue passait par le «respect des revendications populaires» et la mise en place de «mesures d’apaisement», parmi lesquelles «la libération des détenus politiques», «la levée des pressions sur les médias» ou encore la facilitation d'accès vers la capitale pour les manifestants. Il a surtout assuré que le départ de l’actuel gouvernement avait été évoqué.
Bouzid Lazhari, professeur de droit public et ancien parlementaire de la Chambre haute, Abdelwahab Bendjelloul, syndicaliste de l'enseignement, et Azzedine Benaissa, universitaire, font également partie des six personnalités sélectionnées.
Les partis et associations proches de la contestation - qui n'est incarnée par aucun dirigeant clair - apparaissent désunis face à cette nouvelle offre de dialogue du pouvoir.
Ce dialogue est «le seul moyen à même de garantir une issue pacifique à la hauteur des aspirations des Algériens et Algériennes» et son but est d'organiser une «présidentielle libre et transparente dans les plus brefs délais», a expliqué au nom du Panel Karim Younès, lisant une déclaration à la télévision. «Nous insistons sur le fait que nous ne sommes pas des représentants du Hirak [le mouvement de contestation] ni ses porte-paroles», a-t-il néanmoins souligné.
L'intérim d'Abdelkader Bensalah a constitutionnellement pris fin le 9 juillet, raison supplémentaire, aux yeux des manifestants, pour qu'il quitte immédiatement ses fonctions. La 23e manifestation du vendredi d'affilée se tient ce 26 juillet. Selon le journaliste Khaled Drareni, des slogans hostiles à l'initiative de dialogue se font déjà entendre.
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