«De notre point de vue, une procédure judiciaire ne peut aboutir à la fin qu'à la libération de Carola Rackete», a jugé le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas dans un tweet, à propos du cas du capitaine du navire humanitaire Sea-Watch, qui a été arrêtée en Italie après avoir accosté de force afin de débarquer des migrants. «Nous nous opposons à la criminalisation du sauvetage en mer», a-t-il ajouté.
Heiko Maas avait déjà demandé une «clarification rapide» des accusations pesant sur Carola Rackete, estimant que «sauver des vies [était] une obligation humanitaire» et que le sauvetage en mer ne devait pas «être criminalisé».
Jusqu'à 10 ans de prison
Le 26 juin, Carola Rackete, ressortissante allemande de 31 ans, aux commandes du navire battant pavillon néerlandais, avait forcé le blocus des eaux territoriales italiennes imposé par le ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini. Mais le navire avait dû s'arrêter à un mille, en face du petit port italien de Lampedusa, et restait bloqué là depuis.
Carola Rackete a finalement choisi de passer en force au beau milieu de la nuit, malgré la vedette de police chargée de l'en empêcher. «Nous nous sommes mis devant pour l'empêcher d'entrer dans le port [...]. Si on était restés sur le chemin, [le Sea-Watch] aurait détruit la vedette», avait commenté devant des caméras un policier qui se trouvait à bord.
Dans la nuit du 28 au 29 juin, la police est montée à bord afin d'arrêter la jeune femme pour résistance ou violence envers un navire de guerre. Le capitaine, qui risque jusqu'à 10 ans de prison selon les médias italiens, est descendue du navire encadrée par des agents, sans menottes, avant d'être emmenée en voiture.
L'arrestation de Carola Rackete, objet de tensions en Europe
L'arrestation de Carola Rackete a déclenché une vague de réactions diverses, à l'Italie comme à l'étranger.
En France, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, interrogée le 30 juin sur la question des migrants en méditerranée, et notamment sur l'affaire du Sea-Watch, avait déploré sur LCI «une stratégie d'hystérisation» mise en place selon elle par les autorités italiennes. Dans la même veine, elle avait accusé le ministre italien de l'Intérieur de verser dans l'«instrumentalisation» politique de cette question.
Le 30 juin également, Matteo Salvini a quant à lui tancé les autorités françaises, lançant sur Twitter : «Et vu que le gouvernement français est si généreux, au moins en paroles, avec les immigrés, nous enverrons les éventuels prochains bateaux vers Marseille».