Au premier jour de sa visite à Caracas, Michelle Bachelet, Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, a été reçue le 19 juin au soir soir par le ministre vénézuélien des Affaires étrangères Jorge Arreaza, qui a exprimé la volonté du gouvernement de travailler avec elle pour «corriger ce qui doit être corrigé afin de préserver les droits humains des Vénézuéliens».
Michelle Bachelet a tweeté qu'elle était impatiente «d'écouter toutes les voix et de travailler avec tous les acteurs pour promouvoir et protéger tous les droits humains pour tous les Vénézuéliens».
Le Haut-Commissaire a annoncé qu'elle ferait une déclaration le 21 juin, pour conclure sa visite. Elle a prévu de rencontrer aussi bien le président vénézuélien Nicolas Maduro que son opposant et président autoproclamé Juan Guaido. Le chef de l'Etat affirme que la visite de Michelle Bachelet n'a été possible qu'avec son assentiment. De son côté, Juan Guaido a estimé le 19 juin que la venue de l'envoyée de l'ONU prouvait combien elle avait pris la mesure de la «catastrophe» que vit le pays. Il a appelé publiquement les Vénézuéliens à manifester le 21 juin.
Michelle Bachelet compte également rencontrer des opposants du gouvernement Maduro, qui disent avoir été victimes d'abus et de violations des droits humains, ainsi que leurs proches. Elle a affirmé avoir été mise au courant de cas «d'usage excessif de la force, d'assassinats, de détentions arbitraires et de torture» de la part des forces de l'ordre au cours des manifestations organisées en janvier contre le gouvernement chaviste.
Des ONG anti-Maduro consultées par l'ONU
La visite de la Haut-Commissaire pourrait créer un appel d'air dans un contexte de crise humanitaire préoccupant. Elle permettra peut-être, de l'avis du journaliste Romain Migus interrogé au journal télévisé de RT France, de rétablir un équilibre dans les prises de positions de l'ONU.
«L'essentiel est que madame Bachelet puisse voir par elle même ce qu'il se passe réellement au Venezuela et constater que les attaques systématiques sur des violations des droits de l'homme sont plus l'effet d'une bulle médiatique que de la réalité», estime le journaliste Romain Migus.
Il relève également qu'une commission du Haut-Commissariat des droits de l'homme avait visité Caracas en mars. Il n'en est ressorti que le point de vue d'ONG de l'opposition, selon le chercheur et journaliste. Or, d'après lui, certaines de ces ONG seraient indirectement liées aux autorités américaines. «Un pays hostile au gouvernement de monsieur Maduro finance des ONG qui elles-mêmes émettent des rapports qui les transmettent ensuite au Haut-Commissariat de l'ONU».
L'espoir d'un allègement du blocus ?
Les enjeux de la visite s'avèrent importants et suscitent un espoir au sein du gouvernement Venezuela. Nicolas Maduro a confié dans une allocution télévisée espérer que cette visite soit «pour le meilleur» et que les «recommandations» que Michelle Bachelet formulera permettent au Venezuela d'«aller mieux». Selon les Nations unies, quatre millions de Vénézuéliens ont fui à l'étranger depuis 2015.
La récession se traduit, entre autres, par des pénuries de médicaments et surtout par une hyperinflation qui devrait atteindre 10 000 000% cette année, selon les prévisions du FMI. Un quart des Vénézuéliens, soit sept millions de personnes, a besoin d'une aide humanitaire d'urgence, selon l'ONU. «La crise économique que connait le Venezuela est en très grande partie due au blocus criminel que les Etats-Unis abattent sur ce pays», estime Romain Mingus, notant par exemple que le Venezuela n'a pas l'autorisation pour acheter des produits tels que des médicaments sur les marchés internationaux.
La Haut-Commissaire des Nations Unies a fustigé à plusieurs reprises les sanctions économiques qu'a prises le gouvernement américain pour mettre Nicolas Maduro sous pression. Elle s'est ainsi montrée critique concernant l'embargo américain sur le pétrole vénézuélien, qui accentue la crise financière et frappe durement la population dans ce pays dont 96% des revenus proviennent précisément de l'exploitation du brut, selon l'AFP.
D'après Romain Migus, l'incidence que pourraient avoir Michelle Bachelet et l'ONU pourrait permettre de «faire pression sur les Etats-Unis pour lever ce blocus unilatéral qui détruit la vie des Vénézuéliens».