Le président vénézuélien Nicolas Maduro a annoncé ce 7 juin avoir ordonné dès le 8 juin la réouverture des passages frontaliers entre son pays et la Colombie dans l’Etat de Tachira, situé dans le nord-ouest du Venezuela. «Nous sommes un peuple de paix et défendons fermement notre indépendance et notre autodétermination», a ajouté le chef d'Etat au sujet de cette réouverture aux frontières qui intervient près de quatre mois après la crise diplomatique entre Caracas et Bogota.
Une dynamique économique frontalière
Contacté par RT France au sujet de l'annonce de Nicolas Maduro, le journaliste Romain Migus estime que la décision s'inscrit aujourd'hui dans «une dynamique économique frontalière» qui touche les deux pays : «50% des commerces colombiens situés à la frontière ont fermé, car les Vénézuéliens venaient s'y approvisionner, et dans la zone frontalière située du côté du Venezuela, il y a beaucoup de marchandises qui viennent de la Colombie : des produits manufacturés et d'alimentation, bref des produits de commerce de base». Côté colombien, «c'est l'essence qui constitue le gros des importations».
Le journaliste parle d'«un bol d'air», alors que la fermeture des passages frontaliers de la région avait des répercussions pesantes à presque 400 km à la ronde. «Bol d'air» qui sera inévitablement suivi des problématiques propres aux frontières, nuance Romain Migus, qui évoque notamment le phénomène de la contrebande.
La réouverture frontalière signifie que la tension militaire a baissé
En outre, le journaliste souligne les circonstances dans lesquelles intervient la décision de Nicolas Maduro. Il évoque notamment la tenue, à la fin du mois de mai, des pourparlers d'Oslo entre les représentants des deux parties vénézuéliennes, visant à arracher une hypothétique sortie de crise dans les prochains mois. «La réouverture frontalière signifie en tout cas que la tension militaire a baissé», selon Romain Migus.
Crise à la frontière : que s'est-il passé ?
La réouverture de ces passages frontaliers intervient presque quatre mois après leur fermeture, lors d'une montée de tensions entre le Venezuela et la Colombie, celle-ci ayant abouti le 23 février à une rupture diplomatique entre les deux pays, au moment où Caracas refusait de voir arriver depuis la Colombie des convois humanitaires envoyés à la demande de Juan Guaido, président autoproclamé du Venezuela, notamment soutenu par Washington et Bogota.
Les partisans de l'opposant avaient alors vertement dénoncé le choix de Nicolas Maduro : «Quel genre de tyran malade s'oppose à l'arrivée de nourriture pour des gens affamés ?» s’interrogeait par exemple le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, le 23 février. De son côté, le chef d'Etat vénézuélien avait expliqué deux semaines plus tôt qu'il ne permettrait pas qu'on «humilie» son pays avec un «show d'aide humanitaire» : «Ils veulent envoyer deux petits camions avec quatre marmites. Le Venezuela n'a pas besoin de demander l'aumône. S'ils veulent aider, qu'ils mettent fin au blocus et aux sanctions», avait-il déclaré dans la première semaine du mois de février.
«Les 20 tonnes proposées [par les Etats-Unis] étaient dérisoires si on les compare aux importations de nourriture et de médicaments réalisées par le gouvernement vénézuélien», nuance pour sa part le journaliste Romain Migus dans une de ses dernières analyses de la crise vénézuélienne intitulée «Venezuela : constitution d’une armée parallèle».
Fabien Rives