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YouTube lance une vaste purge au nom de la lutte contre le «harcèlement»

Pour lutter contre le «harcèlement» et les contenus jugés «limites», YouTube a supprimé ou encore démonétisé certaines chaînes de commentateurs politiques – principalement conservateurs – très populaires.

Fortement mise à mal depuis des mois, la liberté d'expression est-elle en passe de devenir un lointain souvenir sur la plateforme de partage de vidéos YouTube ? La filiale de Google a présenté dans un billet le 5 juin ses nouvelles dispositions qui visent à gérer les contenus dits «haineux», dont le caractère délibérément flou pose question. Immédiatement entrées en vigueur, ces dispositions ont d'ailleurs déjà produit des effets dévastateurs sur bon nombre de commentateurs politiques populaires de la plateforme.

L'enfer est pavé de bonnes intentions : c'est pour protéger les utilisateurs des discours incitant à la haine, et surtout combattre le harcèlement, que l'entreprise justifie sa nouvelle politique. Ainsi, YouTube a annoncé, d'une part, que «les vidéos alléguant qu'un groupe est supérieur pour justifier la discrimination, la ségrégation ou l'exclusion» étaient désormais interdites. Citant en exemple les vidéos qui défendent l'idéologie nazie, la plateforme donne toutefois une définition suffisamment vague pour lui permettre d'élargir considérablement son champ d'action.

D'autre part, et de manière plus controversée encore, l'entreprise a promis de réduire la diffusion des contenus qualifiés de «limites» («borderline», selon le terme exact employé), dans son optique de lutte contre le harcèlement. Là encore, difficile d'être plus flou, comme ont pu le constater à leurs dépens les créateurs indépendants qui vivent grâce à la plateforme.

Purge de grande ampleur

La purge a en effet rapidement pris des proportions inédites, certains youtubers voyant leur chaîne purement et simplement supprimée – à l'instar du pagan paneuropéen Varg Vikernes – pendant que d'autres perdaient le droit de monétiser leurs vidéos. Parmi eux, le youtubeur Sinatra Says, critique incisif du féminisme ou des «guerriers de la justice sociale» (social justice warriors), a ainsi vu sa chaîne entièrement démonétisée, sans que l'entreprise ne prenne la peine de citer un exemple pour justifier cette décision. «Nous avons la responsabilité de nous assurer que notre communauté est sûre, pour les créateurs, les utilisateurs et les annonceurs», lui a laconiquement expliqué la filiale de Google dans un message.

Le commentateur politique nationaliste James Allsup a subi le même sort pour les mêmes raisons. «Je n'ai jamais rien dit de haineux ou d'incendiaire. [...] Je ne jure même pas sur ma chaîne, mais en conséquence de l'agitation de l'extrême gauche, YouTube punit les chaînes comme la mienne qui ne se conforment pas à la dialectique politique mainstream», a-t-il réagi dans un message publié sur les réseaux.

YouTube a également pris pour cible le journaliste Ford Fischer, pourtant moins marqué idéologiquement. «Quelques minutes après l'annonce de YouTube d'une nouvelle purge, il semble que ma chaîne, qui documente l'activisme et l'extrémisme, a été prise entre deux feux», a-t-il déclaré, soulignant que le travail qu'il y faisait était utilisé dans des documentaires.

D'autres youtubeurs, comme les commentateurs conservateurs Milo Yiannopoulos et Gavin McInnes, habitués à être mis au ban par les réseaux sociaux, ont en outre vu leurs vidéos supprimées.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, cette nouvelle vague de censure trouve sa source dans une dispute entre deux créateurs de la plateforme. Journaliste pour le média Vox, Carlos Maza s'était en effet lancé dans un intense lobbying pour contraindre YouTube à démonétiser la chaîne d'un autre youtubeur, Steven Crowder. Ce dernier, commentateur politique conservateur, a réalisé de nombreuses vidéos critiquant le contenu publié par la chaîne de Carlos Maza, dans le style acéré qui l'a rendu populaire.

D'origine mexicaine et ouvertement gay, Carlos Maza lui reprochait de l'imiter avec un accent, et, entre autres, de le traiter de «lutin gay de Vox». Après avoir accédé à sa requête, YouTube a fait savoir que la monétisation de Steven Crowder ne serait rétablie que si celui-ci supprimait les liens vers sa vente en ligne de t-shirts «offensants», sur lesquels est inscrit «le socialisme, c'est pour les tapettes». Une dispute aux airs d'enfantillages qui a toutefois servi de prétexte à YouTube pour développer sa nouvelle politique.

Dans la foulée, l'entreprise a donc mis en place ses dispositions concernant le harcèlement qui ont mené à cette vaste purge, provoquant une colère considérable des utilisateurs et des créateurs sur les réseaux sociaux. «Carlos Maza vient de n....r tout un genre sur YouTube parce qu'un homme lui a dit quelque chose de méchant. Ca ne va pas bien finir», a ainsi résumé le comédien écossais Count Dankula. L'âge d'or de la politique sur YouTube toucherait-il à sa fin ?

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