La mobilisation continue, inlassablement. De très nombreux Algériens sont à nouveau rassemblés dans plusieurs villes du pays pour un 11e vendredi consécutif de manifestations, le dernier avant le début du mois de jeûne musulman de ramadan durant lequel ils ne comptent pas cesser de protester.
A Alger, comme dans les autres villes, les slogans portent principalement sur le rejet des élections qui doivent se tenir le 4 juillet, à l'issue de la période de transition qui a suivi la démission sous la pression de l'ancien président Abdelaziz Bouteflika le 2 avril.
Sur cette pancarte, on peut lire : «Pas d'élections présidentielles sans un organisme indépendant pour les contrôler.»
Même son de cloche à Constantine, avec une pancarte sur cette image qui affirme : «Non aux élections du 4 juillet sous le patronage du gang.» Pour les contestataires, le terme «gang» désigne désormais l'entourage de Bouteflika au pouvoir durant des années, et qui est personnifié par Abdelkader Bensalah président par intérim et Noureddine Bedoui, Premier ministre du gouvernement de transition.
Les manifestants réclament également l'arrestation et le jugement de Saïd Bouteflika, le frère cadet de l'ancien président, qu'ils soupçonnent d'avoir usurpé le pouvoir depuis qu'Abdelaziz Bouteflika avait vu son état de santé fortement dégradé par un AVC en 2013.
Seule voix audible, en face des manifestants, celle du chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah, devenu de facto l'homme fort du pays depuis qu'il a poussé Bouteflika à la démission, après lui avoir été loyal durant des années.
Semaine après semaine, il appuie le processus de transition mis en place conformément à la Constitution, dont l'organisation de la présidentielle, convoquée le 4 juillet. Cette semaine, il a appelé la contestation au «dialogue avec les institutions de l'Etat», martelant le refus de l'armée de «s'écarter de la voie constitutionnelle» : une nouvelle fin de non-recevoir aux revendications des manifestants qui exigent la mise sur pied de structures ad hoc pour gérer l'après-Bouteflika.
Rejetant cette élection, les manifestants s'en prennent désormais à Gaïd Salah, l'accusant d'être avec eux dans les paroles mais avec le gang dans les actes, comme l'a écrit un manifestant constantinois sur sa pancarte.
Aucune partie ne semble prête à céder et certains observateurs pensent que le pouvoir mise sur un essoufflement de la mobilisation déclenchée le 22 février, durant le mois de ramadan qui commence dans les prochains jours.
Un mois de jeûne et de privation, durant lequel les Algériens se couchent souvent tard et au fur et à mesure duquel la fatigue se fait de plus en plus sentir. Pour pallier la fatigue, la faim et la soif de la journée, la plupart des manifestants proposent de déplacer pendant le ramadan les marches le soir, après le «ftor», la rupture du jeûne.