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1600 civils tués à Raqqa: Amnesty appelle la coalition à reconnaître «l'ampleur choquante» des morts

Failles du renseignement, bombardements aériens imprécis, tirs d'artillerie à l'aveugle : Amnesty a publié un rapport très critique de l'intervention de la coalition internationale à Raqqa, qui aurait fait 1 600 morts civils selon l'ONG.

Plus de 1 600 civils ont été tués en 2017 dans la ville syrienne de Raqqa, durant l'offensive de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis contre le groupe terroriste Daesh, selon un rapport publié le 25 avril par Amnesty International. Ancienne capitale de facto de l'ancien califat autoproclamé en 2014 par Daesh, la ville de Raqqa, dans le nord de la Syrie, a été détruite à près de 80% lors de cette offensive d'envergure de quatre mois qui visait à déloger les djihadistes.

«De nombreux bombardements aériens n'étaient pas précis et des dizaines de milliers de tirs d'artillerie ont été lancés de façon aveugle», a affirmé Donatella Rovera, conseillère en gestion de crise à Amnesty. L'organisation a mené cette enquête en collaboration avec Airwars, une ONG recensant les victimes civiles de bombardements aériens dans le monde.

Leurs résultats sont le fruit de mois de recherches sur le terrain et d'analyses de données, dont plus de deux millions d'images satellitaires étudiées par 3 000 volontaires de 124 pays associés au projet, lancé en novembre par Amnesty. Les auteurs de l'enquête ont exhorté les principaux pays membres de la coalition – parmi lesquels les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France – à faire preuve de plus de transparence et à assumer leurs responsabilités.

«Amnesty International et Airwars appellent les forces de la coalition à arrêter de nier l'ampleur choquante des morts de civils et de la destruction que leur offensive à Raqqa a causés», peut-on lire dans le rapport. «La coalition a admis être responsable de la mort de 159 civils, soit environ 10% du nombre total recensé» de victimes, a déploré Amnesty.

Failles du renseignement

Selon Donatella Rovera, le bilan élevé de victimes civiles est notamment lié à des failles du renseignement. Dans de nombreux cas, des bâtiments résidentiels ont été pris pour cible, tuant des familles entières qui y vivaient ou qui s'y abritaient, a-t-elle déploré.

Leur présence aurait été détectée «s'il y avait eu une surveillance adéquate de ces bâtiments», a-t-elle soutenu auprès de l'AFP. Dans un rapport publié l'an dernier, Amnesty avait indiqué que quelque 30 000 maisons étaient totalement détruites à Raqqa et 25 000 partiellement.

Le choix des armes durant l'offensive pose également problème, selon Donatella Rovera. «Il existe des missiles, plus coûteux, au rayon d'explosion plus restreint mais la coalition a souvent utilisé [...] de vieilles bombes de type MK qui détruisent des bâtiments entiers. Elles sont beaucoup moins chères», a-t-elle expliqué.

Amnesty a également critiqué l'utilisation intensive des tirs d'artillerie. «Avec une marge d'erreur de plus de 100 mètres, l'artillerie non guidée est largement imprécise et son utilisation dans des zones peuplées constitue des attaques aveugles», a déclaré l'ONG.

Les chercheurs d'Amnesty ont passé au total environ deux mois sur le terrain. Ils ont enquêté sur les lieux de plus de 200 frappes et interrogé plus de 400 témoins et survivants, a rapporté l'organisation. «De nombreux cas documentés par Amnesty constituent probablement des violations du droit international humanitaire et nécessitent une enquête plus approfondie», a affirmé l'ONG.

Frappes de précision

Amnesty a exhorté les pays membres de la coalition internationale à mettre en place un mécanisme d'enquête indépendant et à créer un fonds d'indemnisation des victimes civiles. «La coalition doit enquêter en profondeur sur les erreurs commises à Raqqa et en tirer les enseignements, afin de ne pas infliger de telles souffrances aux civils pris au piège lors d'opérations militaires futures», a déclaré Chris Woods, directeur d'Airwars.

La coalition a répondu avoir enquêté sur les informations qui lui ont été soumises par diverses sources, y compris celles d'Amnesty, affirmant être en conformité avec le droit international humanitaire. «La coalition prend toutes les mesures pour minimiser les pertes civiles. Nous menons des frappes de précision», a assuré à l'AFP le porte-parole de la coalition, Scott Rawlinson.

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