S'exprimant lors d'une conférence de presse à Vladivostok après sa rencontre avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un ce 25 avril, Vladimir Poutine a été interrogé sur un tout autre sujet : les relations entre Moscou et l'Ukraine, où le comédien Volodymyr Zelensky a été élu président.
«Nous voulons, nous sommes prêts à rétablir complètement nos relations avec l'Ukraine mais nous ne pouvons pas le faire unilatéralement», a déclaré le dirigeant russe. Il a encore estimé que la victoire du nouveau président symbolisait «l'échec total de la politique de [l'ancien dirigeant ukrainien Petro] Porochenko».
A l'inverse de son prédécesseur, Volodymyr Zelensky s'est dit prêt à discuter avec le chef d'Etat russe, et a promis de «relancer» le processus de paix dans la région du Donbass (située à l'est de l'Ukraine), dans le cadre des accords de Minsk II signés en février 2015, pour trouver une issue au conflit.
Passeports russes et tensions diplomatiques
Si les deux chefs d'Etat semblent chercher un apaisement des relations entre leur pays, un premier accroc est malgré tout déjà intervenu. La signature par Moscou d'un décret qui facilite l'octroi de la nationalité russe aux habitants des régions ukrainiennes du Donbass – où les républiques autoproclamées de Lougansk et de Donetsk continuent de s'opposer à l'armée régulière ukrainienne – a en effet été très mal accueilli par Kiev.
En réaction, l'équipe de Volodymyr Zelensky a appelé, dans un communiqué, les Occidentaux à renforcer les sanctions contre Moscou, dénonçant la Russie comme un «Etat agresseur, qui mène une guerre contre l'Ukraine». L'Union européenne lui a emboîté le pas, accusant Moscou d'«exacerber» les tensions avec Kiev.
Co-parrains du processus de paix en Ukraine, l'Allemagne et la France, ont également condamné la décision russe, soulignant que les régions de l'est du pays faisaient «partie du territoire national ukrainien». «L'annonce de la Russie est en contradiction avec l'esprit et les objectifs des accords de Minsk», ont écrit Berlin et Paris dans un texte commun.
Interrogé par des journalistes à ce sujet le 25 avril, Vladimir Poutine s'est pour sa part interrogé sur les réactions négatives suscitées par ce décret, qui vise selon lui à protéger les habitants des régions autonomes «privés de leurs droits les plus élémentaires».
«C'est étrange que cette décision provoque des réactions négatives. La Pologne émet de tels passeports pour les Polonais, la Roumanie pour les Roumains, la Hongrie pour les Hongrois. En quoi les Russes sont pires que les Polonais, les Roumains ou les Hongrois?», s'est demandé le chef d'Etat russe.
Les populations russophones de l'Ukraine lésées ?
Autre point à même de raviver les tensions, le Parlement ukrainien a adopté le 25 avril une loi renforçant l'usage de la langue ukrainienne, au risque de crisper les populations russophones, concentrées principalement dans l'est et le sud du pays.
Ce texte élargit en effet les quotas sur l'usage de l'ukrainien dans les médias audiovisuels et rend plus strict son utilisation dans les cadres officiels.
Pourtant, selon un sondage réalisé en 2017 par l'Institut international de la sociologie de Kiev et cité par l'AFP, 14% de la population considère le russe comme sa langue maternelle et 17% le russe et l'ukrainien à titre égal.
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