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Gardiens de la Révolution classés comme «terroristes» : nouvelle crise entre Washington et Téhéran

Les Etats-Unis ont officiellement placé les Gardiens de la Révolution, armée spéciale iranienne, sur sa liste des organisations «terroristes» étrangères. Téhéran a répliqué en classant de même les forces armées américaines au Moyen-Orient.

Mardi 9 avril

Le président iranien Hassan Rohani a accusé les Etats-Unis d'être eux-mêmes «à la tête du terrorisme international».

Après l'annonce de la décision américaine de classer les Gardiens de la Révolution sur la liste des organisations terroristes étrangères, Téhéran a fait savoir que l'Iran considérait désormais «le régime des Etats-Unis comme un Etat parrain du terrorisme» et les forces américaines déployées de la Corne de l'Afrique à l'Asie centrale, comme des «groupes terroristes».

Lundi 8 avril

L'Iran a déclaré les Etats-Unis «Etat parrain du terrorisme», selon l'agence officielle iranienne Irna.

Cette agence cite un communiqué officiel du Conseil suprême de la sécurité nationale iranien déclarant présenter cette décision comme une «mesure de réciprocité» contre «la décision illégale et insensée» de Washington de placer les Gardiens de la Révolution iraniens sur la liste américaine des «organisations terroristes étrangères».

Cité par Reuters, le ministère des Affaires étrangères du Bahreïn a salué la décision américaine de déclarer les Gardes de la Révolution comme organisation terroriste.

En réponse à la décision des Etats-Unis, le Conseil suprême de sécurité nationale iranien a désigné à son tour les forces militaires américaines comme organisation terroriste, d'après la télévision publique iranienne.

La télévision publique iranienne a déclaré ce 8 avril que la décision de Washington de placer les Gardiens de la Révolution sur sa liste d'organisations terroristes était illégale, du point de vue du droit international.

«Aucun autre pays n'a le droit de désigner comme terroristes les forces armées d'un autre pays [...] L'influence de l'Iran au Moyen-Orient et ses succès militaires contre l'Etat islamique sont les [véritables] raisons derrière cette déclaration», a ajouté le média, cité par Reuters.

Dans une lettre, Mohammad Javad Zarif, ministre iranien des Affaires étrangères, a exhorté le président iranien Hassan Rohani à classer les forces américaines au Moyen-Orient, en Asie centrale et dans la Corne d'Afrique sur la liste des groupes considérés comme «terroristes» par l'Iran.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a salué la décision des Etats-Unis de placer les Gardiens de la Révolution iraniens sur leur liste des organisations «terroristes» étrangères.

«Merci, mon cher ami le président des Etats-Unis Donald Trump, d’avoir décidé de placer les Gardiens de la Révolution iraniens sur la liste des organisations terroristes. Merci d’avoir répondu positivement à une autre de mes demandes, qui sert les intérêts de notre pays et des pays de la région», a-t-il tweeté.

Ce même jour, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a appelé toutes les «entreprises et banques à travers le monde» à couper tout lien financier avec les Gardiens de la Révolution iraniens. L'Iran n'est plus seulement considéré comme un «soutien du terrorisme», mais «il est lui-même impliqué dans des actes de terrorisme», a-t-il déclaré après cette annonce concernant l'armée spéciale de la République islamique d'Iran.

Le président des Etats-Unis Donald Trump a fait savoir ce 8 avril que Washington avait officiellement placé les Gardiens de la Révolution iraniens sur sa liste des organisations «terroristes». Le chef d'Etat a ajouté que c'était la «première fois» qu'une organisation «faisant partie d'un gouvernement étranger» était ainsi désignée, et que cette mesure permettrait d'accentuer la «pression» contre l'Iran. 

Cette mesure «sans précédent», «est une reconnaissance du fait que l'Iran n'est pas seulement un Etat soutenant le terrorisme mais que les Gardiens participent activement, financent, et promeuvent le terrorisme», selon un communiqué du président américain. Concrètement, tout soutien matériel à cette unité armée gouvernementale iranienne sera considéré comme un crime fédéral.

La force Qods, unité d'élite des Gardiens de la Révolution, est également concernée par cette désignation, selon le président américain. Cette force est une branche extérieure qui soutient les forces alliées de l'Iran au Moyen-Orient, comme les troupes du président syrien Bachar al-Assad ou le Hezbollah au Liban.

Si vous faites affaire avec les Gardiens de la révolution, vous financez le terrorisme

«[Cette décision] augmentera significativement l'échelle et la portée de notre pression maximale contre le régime iranien», précise Donald Trump, qui ajoute : «Si vous faites affaire avec les Gardiens de la révolution, vous financez le terrorisme.»

Pression sur l'Iran

L'Iran figurait déjà depuis 1984 sur la liste américaine très restreinte des «Etats soutenant le terrorisme», en compagnie de la Corée du Nord, du Soudan et de la Syrie. L'idée de mettre plus clairement à l'index les Gardiens de la Révolution, armée spéciale créée en 1979 dans le but de protéger la Révolution islamique iranienne des menaces étrangères et intérieures, planait depuis l'élection de Donald Trump, qui a fait de Téhéran une de ses cibles privilégiées.

En mai 2018, le président américain a ainsi retiré les Etats-Unis de l'accord international de 2015 visant notamment à empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique. Dans la foulée, Washington avait rétabli toutes les sanctions levées en échange de l'engagement nucléaire iranien, et a promis une «pression maximale» avec des mesures punitives «les plus fortes de l'histoire».

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