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Alexis Tsipras en Macédoine du Nord pour une visite historique

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras se rend en Macédoine du Nord pour y rencontrer son homologue Zoran Zaev. Un signe supplémentaire de la détente survenue entre les deux nations depuis l’accord de Prespes, signé en juin 2018.

La fin d'une querelle historique entre Grecs et Macédoniens ? Ce 2 avril, le Premier ministre grec Alexis Tsipras se rend en Macédoine du Nord pour y rencontrer son homologue Zoran Zaev, et ainsi confirmer l’accord signé à Prespes en juin 2018, dans le cadre duquel la Macédoine approuve son changement de nom afin d’y accoler le terme «du Nord». En effet, depuis l’éclatement de la Yougoslavie et l’indépendance de la petite république balkanique en 1991, les deux pays se disputent l’utilisation exclusive du nom «Macédoine».

L’accord de Prespes a récemment été ratifié par les parlements des deux nations, permettant ainsi à la Macédoine d’informer en février l’ONU de ce changement. Cela ouvre la voie à une adhésion de la Macédoine du Nord à l’OTAN, procédure jusqu’alors bloquée par le véto grec, ainsi qu’à un rapprochement avec l’Union européenne. Pour les Grecs, le terme «Macédoine» appartient à leur patrimoine historique et représente la zone la plus septentrionale du pays. Ces derniers condamnent la volonté de leur voisin de s’accaparer, depuis l'indépendance, le nom mais aussi la filiation historique avec l’empire antique.

Accord historique

Dans une interview donnée à l’agence de presse macédonienne MIA, Alexis Tsipras considère sa visite comme «historique», mais plus encore «basée sur une nouvelle vision stratégique entre [les] deux pays». «Cet accord pose les fondations de relations bilatérales solides englobant des coopérations aux niveaux international, européen et régional», a-t-il ajouté. Avant que Zoran Zaev n’arrive au pouvoir, les relations entre les deux pays s’étaient détériorées sur fond de volonté du précédent gouvernement d’ériger des bâtiments néoclassiques et des statues d’Alexandre le Grand, figure revendiquée par les deux Etats. Athènes accusait alors Skopje de vouloir piller son héritage culturel et historique.

Lors d’un entretien avec l’AFP, le Premier ministre nord-macédonien a assuré que des plaques seraient apposées devant certains lieux historiques afin de «clarifier le fait qu’ils font partie de l’héritage culturel mondial», ajoutant qu’il mènerait «des initiatives en faveur d’un échange institutionnel de monuments, comme des échanges de cadeau entre amis», sans toutefois apporter plus de précisions.

Retisser des liens économiques

Cette détente des relations sera principalement l’occasion pour les deux pays de conclure des accords commerciaux, incitant les entrepreneurs des deux nations à rouvrir le dialogue, avec des comités d’experts internationaux et le soutien de la communauté internationale, afin de trouver des solutions sur la question des marques commerciales. Alexis Tsipras sera d’ailleurs accompagné de dizaines d’hommes d'affaires prêts à conclure des contrats. Parmi ceux-ci, on pense à la société pétrolière grecque Motor Oil ou encore au conglomérat industriel Mytilineos.

D’après Zoran Zaev : «De grosses entreprises avec des milliards de recettes annuelles viennent [avec Alexis Tsipras][…]et nous récolterons d’immenses bénéfices économiques de cet accord qui seront perçus dans chaque secteur de l’économie.» De leur côté, les entreprises ont déjà promis d’investir plus de «500 millions d’euros» dans le secteur énergétique nord-macédonien et plus encore dans le béton et l’agriculture, toujours selon le Premier ministre nord-macédonien. Prochaine étape pour la Macédoine du Nord, l'Union européenne ?

Alexis Le Meur 

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