Les Etats-Unis ont annoncé ce 1er avril la suspension de toutes les livraisons d'équipements liées aux avions de chasse américains F-35 à la Turquie pour dissuader Ankara d'acquérir le système antimissiles russe S-400.
«En attendant une décision sans équivoque de la Turquie qui doit renoncer aux livraisons du système S-400, les livraisons et activités associées à la mise en place des capacités opérationnelles des F-35 de la Turquie ont été suspendues», a déclaré un porte-parole du Pentagone. «Notre dialogue avec la Turquie sur cette question importante se poursuit», a-t-il ajouté.
Le gouvernement turc a signé un accord avec la Russie pour acheter le dispositif de défense antimissiles et antiaérienne S-400, dont la livraison devrait commencer cet été. Mais cette commande empoisonne depuis des mois les relations entre Ankara et Washington, alliés au sein de l'OTAN.
Les Etats-Unis affirment que les S-400 ne sont pas compatibles avec les équipements de l'OTAN et craignent que ce système russe ultra-sophistiqué ne perce les secrets technologiques de l'avion militaire américain dernier cri F-35, que la Turquie a également entrepris d'acheter.
Les Etats-Unis continuent de mettre en garde la Turquie des conséquences négatives de son acquisition annoncée des S-400
La Turquie envisage d'acheter cent avions de ce type et des pilotes turcs ont déjà commencé à s'entraîner avec leurs homologues aux Etats-Unis. Ankara a investi environ un milliard de dollars dans ce programme et toute décision américaine empêchant l'arrivée des avions de chasse pourrait être considérée comme une violation de contrat.
«Les Etats-Unis continuent de mettre en garde la Turquie des conséquences négatives de son acquisition annoncée des S-400», a expliqué le porte-parole du ministère américain de la Défense. «Cela met en péril la poursuite de la participation de la Turquie au programme F-35», a-t-il insisté.
«Nous déplorons vivement la situation actuelle dans laquelle se trouve notre partenariat sur les F-35, mais le ministère de la Défense doit prendre des mesures de précaution pour protéger les investissements partagés réalisés dans notre technologie sensible», a-t-il précisé.
Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu avait dénoncé le 29 mars les pressions américaines, jugées «contraires au droit international».
Washington avait accru la pression ces dernières semaines : le 28 mars, des sénateurs républicains et démocrates avaient déposé un projet de loi pour bloquer le transfert des F-35 à Ankara tant que le gouvernement américain n'aurait pas certifié que la Turquie ne s'équiperait pas de S-400.
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