Chaque vendredi, depuis le 22 février, les Algériens se retrouvent dans la rue pour manifester leur mécontentement contre le pouvoir en place. A Alger, ce 29 mars, certains d'entre eux ont même mis en scène un faux procès avec une foule et un juge accusant plusieurs personnages portant des masques pour incarner les principaux dirigeants du pays. Ainsi, le président actuel Abdelaziz Bouteflika, le Premier ministre fraîchement démissionnaire Ahmed Ouyahia, le milliardaire Ali Haddad ou encore le sénateur et ancien ministre Amar Ghoul faisaient partie des accusés.
A plusieurs reprises la foule et le juge ont matraqué qu'«il n’y aura[it] pas de pardon !», «Que la bande de bandits parte !», ont scandé des citoyens. Le juge conclut : «Vous allez tous présenter vos démissions, vous resterez là et vous irez en prison.»
A Alger, des centaines de milliers de personnes se sont mobilisées. Le slogan «Le peuple veut que vous partiez tous !» a saturé les rues du centre-ville sur plusieurs kilomètres. S'agissant du nombre de personnes mobilisées, aucun chiffre officiel n'est disponible mais des sources sécuritaires ont fait état de «centaines de milliers de manifestants» à Alger. Elles ont encore recensé de manière non exhaustive des marches d'ampleurs diverses dans 36 des 48 wilayas (préfectures) du pays.
Les Algérois ont afflué place Maurice Audin et le cortège s'est mis en route en début d'après-midi. Chantant l'hymne national, armés de nombreuses pancartes, les manifestants ont prié le pouvoir en place et le président Bouteflika de «dégager».
Plus tôt dans la semaine, le 26 mars, le général Gaïd Salah, le chef d'état major de l'armée algériennen, avait appelé à mettre en application l’article 102 de la Constitution déclarant la vacance du poste du président de la République.
Depuis l’officialisation de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à l'élection présidentielle à la mi-février, de nombreux mouvements de protestation ont émergé dans le pays, contraignant le chef de l’Etat algérien à ne pas briguer de cinquième mandat. Son renoncement n'a pas pour autant calmé les esprits car il allait de pair avec un report de la présidentielle. L'idée d'une transition qui serait menée par le pouvoir en place actuellement est rejetée par une grande partie de la population algérienne.
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