Le 25 mars, le locataire de la Maison Blanche a signé un décret reconnaissant la souveraineté d'Israël sur le Golan, territoire conquis en 1967 lors de la guerre des Six Jours par l'Etat hébreu, qui l'a ensuite annexé en 1981. L'annexion n'a jamais été reconnue par l'Organisation des Nations unies (ONU). Cette décision unilatérale, contrevenant au droit international, a été saluée par Israël mais condamnée par plusieurs pays dont la Syrie, la Russie ou encore l'Iran. C’est ce contexte de regain de tensions qu'ont été invités à commenter plusieurs invités sur le plateau de RT France.
Une reconnaissance américaine dictée par un agenda politique intérieur ?
Le militant associatif français Gamal Abina a souligné que cette décision unilatérale s’inscrivait dans un agenda politique intérieur particulier tant aux Etats-Unis qu’en Israël. Selon lui, la décision américaine intervient à point nommé pour Benjamin Netanyahou, dont le nom est cité dans plusieurs affaires de corruptions. «Cela fait très longtemps qu’il est au pouvoir, il a le sentiment qu’en renforçant sa position avec le soutien américain […], il va pouvoir [gagner] les élections avec brio et faire oublier ses affaires de corruption», affirme-t-il. Et d'ajouter : «Concernant [Donald] Trump, il ne le fait pas par hasard […] Il le fait parce qu’il a en face de lui l’Aipac [le lobby pro-israélien américain], qui devrait le soutenir dans sa prochaine campagne [électorale].»
Tout choix politique ou diplomatique a un impact dans la région
Un contexte pré-électoral tant en Israël qu'aux Etats-Unis, évoqué également par l'analyste géopolitique Bruno Guigue : «C’est un deuxième cadeau fait par l’administration Trump au gouvernement Netanyahou. Dans un contexte qui s’y prête évidemment de leur point de vue puisqu’il va y avoir des élections en Israël très prochainement. Côté américain, Donald Trump prépare les prochaines échéances. Pour se présenter dans les conditions les plus favorables à l'élection présidentielle, il a besoin du très puissant lobby pro-israélien. En prenant cette initiative, il coupe l’herbe sous le pied de ses adversaires démocrates en mettant de son côté ce lobby complètement ravi de cette décision qui sur le plan international est complètement catastrophique.»
Une décision annonciatrice d’une énième crise au Proche et Moyen-Orient ?
La condamnation de la décision américaine par plusieurs pays arabes a rapidement ravivé le spectre d’une énième confrontation entre Israël et ses voisins. Pour Anne Giudicelli, spécialiste du monde arabe et musulman, «tout choix politique ou diplomatique a un impact dans la région» et celui de Donald Trump engendrera selon elle une réaction des mouvances «radicales» présentes dans la région.
Les conséquences vont [se matérialiser] par une régénérescence du radicalisme musulman
Une analyse que partage l’ancien haut fonctionnaire au ministère de l’Intérieur Pierre Conesa. «Les conséquences vont [se matérialiser] par une régénérescence du radicalisme musulman. Alors qu’on devrait être dans une politique d’apaisement, de consolidation des Etats existants, on se retrouve avec un chef d’Etat américain qui est complètement à contretemps […]. Les salafistes vont y trouver un argument pour retrouver de la mobilisation.»
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