Deux mois jour pour jour après que Juan Guaido s'est autoproclamé président par intérim du Venezuela, bénéficiant de l'appui immédiat de Washington et du soutien progressif d'autres pays pour manœuvrer une transition politique dans son pays, le président élu Nicolas Maduro s'est adressé le 23 mars à une foule de partisans, présents dans les rues de la capitale vénézuélienne à l'occasion de «la marche contre l'impérialisme», un événement pro-gouvernemental qui a rassemblé des dizaines de milliers de personnes. L'homme d'Etat a notamment accusé Juan Guaido d'être à l'origine d'une tentative d'assassinat à son encontre.
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«Nous venons de déjouer un plan de la marionnette diabolique, qu'il dirigeait personnellement, pour me tuer», a notamment déclaré le chef de l'Etat vénézuélien, qualifiant le parti politique de Juan Guaido, Voluntad Popular, de «groupe terroriste». Il a en outre expliqué ne pas craindre «d'envoyer ces délinquants en prison».
Des tueurs à gage recrutés au Salvador, au Guatemala et au Honduras ?
Lors de son discours, Nicolas Maduro a ainsi fait référence aux propos tenus plus tôt dans la journée par le ministre vénézuélien de l'Information, Jorge Rodriguez, qui avait affirmé détenir «des informations des services de renseignement» prouvant que des «tueurs [à gage]» avaient été recrutés au Salvador, au Guatemala et au Honduras «grâce à d'énormes sommes d'argent» et qu'ils avaient été envoyés en Colombie voisine pour conduire des «assassinats sélectifs» et des «sabotages» des services publics.
Plusieurs vidéos et photos témoignent d'une foule massive réunie à Caracas, à commencer par la diffusion en direct de l'événement, partagée sur le compte Twitter de Nicolas Maduro.
De son côté, Jorge Rodriguez a partagé des images tournées depuis un drone, montrant l'ampleur du ralliement.
Des images de l'imposant rassemblement ont également été publiées sur les réseaux sociaux par Venesol, un site pro-chaviste spécialisé dans les analyses francophones de l'actualité vénézuélienne.
Comment expliquer l'ancrage populaire de Maduro ?
En dépit des initiatives de Juan Guaido et de l'appui de taille qu'il reçoit des Etats-Unis pour renverser Nicolas Maduro, le gouvernement chaviste préserve un ancrage populaire fort dans un pays qui, par le passé, s'est déjà soulevé face à de multiples tentatives d'ingérence.
Parmi les opérations les plus connues, le coup d'Etat du 11 avril 2002, mené par les propriétaires de chaînes privées, les cadres de la compagnie pétrolière du Venezuela, ainsi qu’une poignée de dirigeants militaires, avait reçu le soutien, entre autres, des Etats-Unis.
Le putsch engendra une réaction massive et immédiate du peuple vénézuélien, poussant des millions de personnes à descendre dans la rue pour réclamer le retour au pouvoir d’Hugo Chavez. L'épisode fut vécu au jour le jour par deux journalistes irlandais, auteurs du documentaire : La révolution ne sera pas télévisée.
Fabien Rives
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