Face à des journalistes le 20 février, le président russe Vladimir Poutine a développé ses propos tenus un peu plus tôt devant l'Assemblée fédérale, concernant un éventuel déploiement de missiles américains et la réponse que Moscou y apporterait, suite à la sortie des Etats-Unis du traité INF.
Sans en écarter l'éventualité, le chef d'Etat s'est interrogé sur la logique qui mènerait à une situation similaire au paroxysme de la guerre froide, alors que le contexte est aujourd'hui très différent. «Y a-t-il aujourd'hui une confrontation idéologique dure, similaire à ce qu'il se passait durant la guerre froide ? Il n'y en a pas. Nous avons sans aucun doute des plaintes réciproques, des approches conflictuelles de certains problèmes, mais ce n'est pas une raison pour que la situation empire au niveau de la crise des Caraïbes du début des années 1960», a ainsi expliqué Vladimir Poutine, en employant le terme russe pour désigner la crise des missiles de Cuba, qui opposa John Fitzgerald Kennedy et Nikita Khrouchtchev en 1962.
Pour autant, Vladimir Poutine a insisté sur le fait que Moscou était préparé au pire. Le chef d'Etat a ainsi fait savoir que si un tel conflit devait avoir lieu, la Russie disposerait d'un avantage stratégique grâce à ses missiles hypersoniques «Avangard», plus rapides que ceux de l'arsenal de Washington. Il a également souligné la menace crédible que les sous-marins et les navires de guerre russes représenteraient pour les capacités de l'OTAN. «Avec la vitesse dont nous disposons, nous pouvons positionner nos navires loin des eaux territoriales, ou même dans la zone économique exclusive d'une certaine nation. Ils peuvent être dans les eaux internationales, loin dans l'océan. Personne ne peut empêcher un navire ou un sous-marin d'être là», a fait remarquer le président russe.
Interrogé par un journaliste sur la possibilité de mener des frappes préventives si Moscou venait à être menacée, Vladimir Poutine a souligné que la doctrine nucléaire russe actuelle excluait cette option. Il n'a en revanche pas souhaité clarifier sa remarque de «prendre pour cible les centres de décision» faite durant son adresse devant l'Assemblée fédérale, pour dire si elle impliquait de viser des sites militaires sur le sol américains. «La Russie sera contrainte de déployer des armements qui pourront être utilisés non seulement contre les territoires, d'où peut provenir une menace directe, mais aussi contre les territoires où se trouvent les centres de décision d'utilisation de missiles nous menaçant», avait déclaré le président russe, laissant ses propos libres à l'interprétation.