Deux conteneurs bleus et une citerne rouge ont été placés en travers des voies du pont de Tienditas, à la frontière entre la Colombie et le Venezuela : le gouvernement vénézuélien refuse en effet de recevoir l'aide humanitaire en provenance des Etats-Unis, qu'il considère comme un cheval de Troie pour justifier une intervention militaire évoquée par Washington.
«Ils veulent envoyer deux petits camions avec quatre marmites. Le Venezuela n'a pas besoin de demander l'aumône. S'ils veulent aider, qu'ils mettent fin au blocus et aux sanctions», a lancé le président Nicolas Maduro, assurant qu'il ne permettrait pas qu'on «humilie» son pays avec un «show d'aide humanitaire».
Ce n'est pas la première fois que Nicolas Maduro demande la levée du blocus économique, en grande partie responsable des difficultés que connaît son pays. Depuis 2014, plusieurs séries de sanctions économiques internationales provenant principalement des Etats-Unis et de leurs alliés ont frappé les Vénézuéliens. Washington a annoncé le 28 janvier de nouvelles sanctions contre la compagnie pétrolière nationale vénézuélienne PDVSA, lui interdisant toute relation commerciale avec des entités américaines ; les Etats-Unis ont gelé dans le même temps ses avoirs à l'étranger dont le montant est évalué à sept milliards de dollars.
L'opposant vénézuélien Juan Guaido, qui s'est auto-proclamé président par intérim du pays, avait annoncé le 2 février l'arrivée dans les prochains jours d'une aide humanitaire destinée au Venezuela dans trois centres de collectes : à la frontière colombienne, au Brésil et sur une île des Caraïbes. Bogota et Caracas n'ont pourtant plus de relations depuis 2017 et le président colombien Ivan Duque est l'un des plus fervents promoteurs de la politique de pression diplomatique contre Nicolas Maduro.
Le Venezuela, pays qui détient les plus grandes réserves prouvées de pétrole brut au monde avec 301 milliards de barils (soit environ 17,7% du total mondial), traverse d'importantes difficultés économiques, qui se matérialisent principalement par une inflation galopante et des pénuries, souvent orchestrées par l'opposition. Le pétrole, richesse convoitée par les grandes puissances, est selon le président Nicolas Maduro la cause de l'ingérence américaine dans les affaires de son pays. Dans un entretien accordé à RT le 4 février, le président vénézuélien a déclaré : «Quel est le casus belli de Donald Trump contre le Venezuela? Le casus belli est le pétrole du Venezuela, les richesses du Venezuela, son or, son gaz, son fer, ses diamants et d’autres richesses matérielles.»
Semblant confirmer cette analyse, le 6 février, Juan Guaido a fait savoir aux Etats-Unis que la compagnie de pétrole nationale PDVSA, pourrait s'ouvrir aux investissements étrangers. Pour ce faire, la loi verrouillant le capital de la société, détenu à 51% minimum par l'Etat, devra être modifiée. La Constitution vénézuélienne de 1999 établit que l'entreprise ne peut être privatisée et garde le monopole des hydrocarbures se trouvant dans le sous-sol vénézuélien.
Meriem Laribi