International

Traité INF : Paris juge Moscou responsable du retrait américain

La France a réagi à l'annonce du retrait américain du traité sur les forces nucléaires intermédiaires (INF), en tenant la Russie pour responsable, à cause du développement de son système de missile 9M729 qui violerait selon elle ce traité.

Alors que le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a annoncé le 1er février que les Etats-Unis se retiraient du traité sur les forces nucléaires intermédiaires (INF), la France n'a pas tardé à réagir, par la voie d'un communiqué officiel du Quai d'Orsay. Axe essentiel de la prise de position française : la responsabilité du retrait américain incombe à la Russie.

Le texte souligne en effet que c'est le développement, par Moscou, d'un nouveau système de missile, le fameux 9M729, qui a engendré la crise en cours : selon Paris et «ses partenaires et alliés», celui-ci «viole le traité sur les forces nucléaires intermédiaires». Déplorant l'absence d'explications malgré ses «appels à une application conforme du traité formulés de façon répétée ces derniers moi», la France dit donc regretter «d’arriver à une situation dans laquelle les Etats-Unis ont dû notifier leur retrait».

«La France appelle la Russie à utiliser la période des six mois ouverte par la suspension des obligations américaines prévue par le traité INF pour revenir pleinement en conformité», peut-on encore lire dans le communiqué, en référence au délai que les Etats-Unis doivent observer, précisant que ces derniers demeuraient «disposés à discuter du désarmement» avec Moscou. Durant cette période, Paris assure vouloir «encourager un dialogue approfondi avec la Russie et [...] se concerter étroitement avec ses alliés de l’OTAN».

Les raisons de la sortie du traité

Washington dénonce le déploiement par Moscou du système de missiles 9M729, dont la portée, selon Washington, dépasserait 500 km. Pour le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, ces missiles peuvent frapper les villes d'Europe en quelques minutes après avoir été tirés de l’intérieur du pays. L'Union européenne, et par conséquent la France, partage cette analyse sans réserves, contre laquelle la Russie ne cesse de s'inscrire en faux. Moscou a ainsi organisé, à la fin du mois de janvier, une présentation à un public d'attachés militaires du système 9M729, à laquelle n'avaient assisté ni les représentants américains, ni allemands, britanniques ou français

La porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a réagi à l'annonce du retrait américain en pointant du doigt la décision des Etats-Unis de se retirer du traité, dénonçant une «stratégie des Etats-Unis de s'affranchir de leurs obligations juridiques internationales dans différents domaines». 

Signé il y a plus de 30 ans, le traité FNI a été remis sur le devant de la scène en octobre, quand le président américain Donald Trump a annoncé que les Etats-Unis allaient «mettre fin à l'accord» et développer à nouveau des armes nucléaires. Coutumier des volte-face, Donald Trump avait pourtant affiché le 3 décembre sa volonté de travailler avec la Russie et la Chine, elle aussi dans son collimateur, pour mettre fin à une course aux armements devenue «incontrôlable».

Lire aussi : Traité INF : «Moscou se réserve le droit à une réaction appropriée et à une riposte»