Décidément, la politique américaine dans le dossier syrien, et surtout sa position quant à l'avenir du président Bachar el-Assad, est difficile à suivre. Dernier rebondissement en date le 17 décembre : le représentant spécial de la diplomatie américaine pour la Syrie, James Jeffrey, a assuré que Washington n'essayait pas de se «débarrasser d'Assad».
«Nous voulons voir un régime qui soit fondamentalement différent. Je ne parle pas d'un changement de régime», a-t-il tenté d'expliquer à l'occasion d'une conférence au cercle de réflexion Atlantic Council, à Washington. Précisant le fond de sa pensée, l'émissaire a déclaré que le gouvernement de Bachar el-Assad devait accepter de «transiger», dès lors qu'il n'a pas encore totalement remporté la guerre après sept ans de combats. Selon lui, quelque 100 000 combattants armés opposés au pouvoir syrien restent présents sur le territoire.
Et Washington compte bien bloquer toute aide à la reconstruction – entre 300 à 400 milliards de dollars seraient nécessaires selon James Jeffrey – tant qu'une solution politique n'aura pas été acceptée par toutes les parties, et tant que le gouvernement de Bachar el-Assad n'aura pas changé de comportement. «Les pays occidentaux sont fermement déterminés à ne pas ouvrir le portefeuille pour ce désastre tant que nous n'aurons pas le sentiment que le gouvernement est prêt à transiger, pour éviter d'ouvrir la porte à de nouvelles horreurs dans les années à venir», a-t-il ainsi fait valoir.
Le pari de Washington semble donc être de pousser Damas à organiser des élections avec la participation de toute la diaspora syrienne, estimant que celles-ci, si elles avaient lieu au terme d'un processus de paix sous l'égide de l'ONU, mèneraient inéluctablement au départ du président syrien. Une stratégie qui constitue un énième changement de cap pour la Maison Blanche : le 30 octobre dernier, le secrétaire à la Défense James Mattis avait en effet affirmé que le président syrien Bachar el-Assad devrait être «évincé du pouvoir». «Je ne pense pas que des élections organisées sous l'égide du régime syrien auront une quelconque crédibilité auprès du peuple syrien ou de la communauté internationale», avait-il alors expliqué.
Déjà remarquables sous l'administration Obama, les errements diplomatiques de Washington sur la question n'ont pas faibli avec l'arrivée au pouvoir de Donald Trump. Si le président américain a entamé son mandat en assurant que le départ du dirigeant syrien n'était plus une priorité, son sort devant être remis à la décision du «peuple syrien», il a depuis été contredit à plusieurs reprises par sa propre administration.