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Incident de Kertch : les Européens tempèrent l'emballement de l'Ukraine

Allemagne en tête, l'Union européenne a tempéré les ardeurs du président ukrainien Petro Porochenko, qui a appelé l'OTAN, et plus spécifiquement Berlin, à déployer des navires en mer d'Azov. Angela Merkel a demandé à Kiev de «rester avisée».

Les pays européens tentaient le 29 novembre de calmer les ardeurs de l'Ukraine, Angela Merkel appelant Kiev à la retenue après l'appel du président ukrainien Porochenko à envoyer l'OTAN pour faire face à la Russie en mer d'Azov.

S'exprimant à l'occasion d'un forum économique germano-ukrainien, la chancelière allemande a appelé Kiev à «rester avisée», assurant qu'il n'était possible de «résoudre les choses qu'en restant raisonnables, en discutant les uns avec les autres». «Il ne peut y avoir de solution militaire à ces confrontations», a insisté la chancelière allemande, qui a toutefois promis d'aborder le sujet avec Vladimir Poutine au sommet du G20, qui s'ouvre vendredi à Buenos Aires.

Sa prudence est à l'image de celle des Européens. Si l'Union européenne s'est dite «consternée par l'usage de la force de la Russie», les gouvernements des 28 pays n'envisagent pas de nouvelles mesures pour sanctionner Moscou Des sources diplomatiques ont expliqué à l'AFP que de sérieuses divergences opposent les Etats européens, alors que l'adoption de nouvelle sanctions ne peut se faire qu'à l'unanimité. La Pologne a soutenu cette idée, mais plusieurs Etats comme la France et l'Allemagne ont jugé la démarche prématurée, selon une de ces sources.

L'UE demande à Moscou de rouvrir le détroit de Kertch... que Moscou dément avoir fermé

Dans une déclaration publiée par le chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini, les 28 Etats membres ont toutefois appelé la Russie à libérer «sans condition et sans délai les navires capturés, leur équipage et leur équipement».

Ils ont également demandé à Moscou «d'assurer un passage libre et sans entrave dans le détroit de Kertch à destination et en provenance de la mer d'Azov, conformément au droit international». Mais le Kremlin a de son côté nié avoir fermé le détroit de Kertch, comme l'affirme l'Ukraine. «Le détroit est ouvert et il fonctionne normalement», a affirmé aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

L'appel de Petro Porochenko effectué quelques heures plus tôt est donc resté lettre morte. Le président ukrainien avait demandé à l'OTAN une réponse ferme face à ce qu'il considère comme une agression de la Russie, qui a arraisonné le 25 novembre trois navires de la Marine ukrainienne en mer Noire, au large de la Crimée.

Les trois bâtiments de guerre ukrainiens manœuvraient dangereusement dans les eaux territoriales russes et ont été capturés au niveau du détroit de Kertch, où se trouve notamment le pont de Crimée reliant la péninsule au reste de la Russie, après avoir refusé de quitter la zone. Accusés d'avoir franchi illégalement la frontière russe, 24 marins ont été faits prisonniers.

Vladimir Poutine a défendu ses forces et jugé que les gardes-côtes russes avaient simplement «rempli leur devoir avec précision». Il a qualifié l'accrochage de «provocation» organisée par Petro Porochenko, mal en point dans les sondages à quelques mois de la présidentielle.

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