L'ancienne diplomate franco-géorgienne Salomé Zourabichvili a recueilli 59,52% des voix contre 40,48% pour le candidat de l'opposition, Grigol Vachadzé, et a donc été élue première femme présidente de la Géorgie, selon les résultats portant sur la totalité des bureaux de vote annoncés par la Commission électorale centrale le 29 novembre.
Salomé Zourabichvili s'est félicitée de ce que la Géorgie avait «choisi l'Europe». «C'est pour ça que les Géorgiens ont élu une femme européenne présidente», a argué l'ex-diplomate française aux journalistes.
Même si le poste de président est devenu essentiellement symbolique après certains changements constitutionnels, le vote était un test pour le parti au pouvoir. L'élection préfigure en effet la confrontation à venir lors des législatives de 2020 entre le Rêve géorgien, fondé par le milliardaire Bidzina Ivanichvili et qui a pris les rênes du pays en 2012, et le Mouvement national uni, fondé par l'ancien président aujourd'hui en exil et apatride Mikheïl Saakachvili.
C'est pour ça que les Géorgiens ont élu une femme européenne présidente
Dans un communiqué diffusé par la chaîne de télévision Roustavi-2 TV, l'ancien homme fort de l'Occident en Géorgie dans le pays (puis un temps gouverneur d'Odessa en Ukraine avant de tomber en disgrâce) a immédiatement contesté le résultat, dénonçant «une fraude électorale massive». Ce dernier s'est officiellement mis en retrait de la politique, mais beaucoup le considèrent encore comme le véritable dirigeant du pays. «L'oligarque a fait sortir la démocratie géorgienne et les institutions des élections», a-t-il déclaré en référence à Bidzina Ivanichvili, fondateur du Rêve géorgien.
L'opposition refuse de reconnaître les résultats
Peu de temps après la proclamation officielle des résultats de l'élection présidentielle, Grigol Vachadzé a refusé de reconnaître ceux-ci et a lancé un appel à manifester.
Trois ONG géorgiennes, dont la branche locale de Transparency International, avaient déjà affirmé quelques jours avant le vote avoir la preuve que le gouvernement avait imprimé de fausses cartes d'identité pour truquer le second tour en faveur de Salomé Zourabichvili. Celle-ci a affirmé de son côté qu'elle et ses enfants avaient reçu des menaces de mort. Signe des tensions autour du scrutin, l'opposition a accusé le gouvernement d'intimider des électeurs et affirmé que des militants du Rêve géorgien avaient agressé des membres du parti d'opposition.
De son côté, l'Organisation pour la sécurité et la cooopération en Europe (OSCE) a fait un bilan mitigé du processus électoral. L'OSCE a certe salué dans un rapport des élections «concurrentielles» et «bien organisées» au cours duquel «les candidats [avaient] pu faire campagne librement». Mais l'OSCE a aussi critiqué «l'utilisation abusive» des ressources de l'Etat pour favoriser Salomé Zourabichvili ainsi que la «potentielle intimidation» d'électeurs. «Un camp a bénéficié d'un avantage indu», souligne encore le rapport des observateurs de l'OSCE.
De nouvelles manifestations pourraient donc secouer la Géorgie, un pays à l'histoire mouvementée qui a connu une guerre civile (1991-1993), un court conflit avec la Russie en août 2008, et possède une longue histoire de troubles et de manifestations
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