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Décolonisation culturelle ? Emmanuel Macron va rendre 26 œuvres réclamées par le Bénin

Le président français a décidé de faire un geste symbolique à l'égard du Bénin. Le pays exigeait que la France lui restitue des œuvres culturelles, prises durant la colonisation. Emmanuel Macron a accepté la demande béninoise.

L'Elysée a annoncé le 23 novembre qu'Emmanuel Macron allait rendre «sans tarder» au Bénin 26 œuvres que le pays lui réclamait, des «prises de guerre du général Dodds dans le palais de Béhanzin, après les sanglants combats de 1892». L'Elysée a ainsi validé les recommandations d'un rapport controversé, écrit par deux universitaires, recommandant un changement radical de la loi française sur le patrimoine pour redonner à l'Afrique une partie de son patrimoine. Jusqu'en 1960 et pendant près d'un siècle, le Bénin a en effet été colonisé par la France. L'AFP rappelle que le pays d'Afrique a énergiquement défendu le dossier des restitutions et qu'il se préoccupe de mener une véritable politique muséale et culturelle.

«Les mesures opérationnelles, et le cas échéant législatives, seront prises pour que ces œuvres puissent retourner au Bénin», a ajouté le communiqué de l'Elysée. Emmanuel Macron veut d'ailleurs élargir ces restitutions à un cadre européen. Il propose ainsi de réunir à Paris, début 2019, «l’ensemble des partenaires africains et européens pour construire ensemble cette nouvelle relation et cette politique d’échanges».

Il faut que «la jeunesse africaine ait accès en Afrique et non plus seulement en Europe à son propre patrimoine», a affirmé l'Elysée, qui a rappelé le souhait émis par le président que «d'ici cinq ans les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives».

De 85% à 90% du patrimoine africain serait hors du continent, principalement dans les musées européens, selon les experts. La Belgique, le Royaume Uni et l'Allemagne seraient les trois pays les plus fournis en œuvres d'art.

Près de 90 000 objets d'art d'Afrique sub-saharienne sont dans les collections publiques françaises. Reste à définir le cadre des restitutions : seuls les objets pillés au cours de la colonisation seront-ils concernés ? Les œuvres payées à des tarifs parfois dérisoires subiront-elles le même sort ?

En outre, se pose la question de possibles querelles de territoires : les pays africains ont des frontières qui ont bougé au cours des derniers siècles, avec des royaumes parfois disparus.

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