Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a mis en garde, en plein débat sur la formation d'une «armée européenne», contre tout éventuel renforcement de l'Europe de la défense au détriment de l'Alliance atlantique.
«Je salue les efforts renforcés de l'Union européenne en matière de défense [...] parce que c'est une bonne chose si les alliés européens ont plus de capacités, s'ils travaillent plus étroitement ensemble», a déclaré le Norvégien au cours du Forum Otan-Industrie à Berlin. «Ce dont nous ne nous félicitons pas, c'est que l'UE commence à développer des structures en double», a mis en garde le dirigeant de l'Otan.
Emmanuel Macron a relancé ce débat le 6 novembre en suggérant que l'Europe «construise sa propre armée». Cette proposition a suscité l'ire de Donald Trump, qui a jugé «très insultants», juste avant son arrivée en France pour commémorer la fin de la Première Guerre mondiale, les propos du président français. Ce dernier s'est ensuite voulu apaisant, assurant que sa proposition ne visait pas les Etats-Unis.
«La réalité est que nous avons besoin d'une structure de commandement forte et compétente, nous ne pouvons pas diviser ces ressources en deux», a ainsi plaidé Jens Stoltenberg. Selon lui, «il serait totalement dénué de sens pour un pays comme l'Allemagne de permettre à l'Otan et à l'UE de rivaliser parce que l'Allemagne, comme la plupart des autres membres de l'Otan, est membre de l'Otan et de l'UE».
«Ce ne serait pas une sage décision de la part des pays membres des deux organisations de disposer de deux ensembles de structures de commandement ou de faire double emploi avec ce que fait l'Otan», a-t-il encore ajouté. «Plus d'efforts européens en matière de défense, c'est bien, mais cela ne doit jamais saper la force du lien transatlantique», a-t-il fait valoir.
Donald Trump exhorte régulièrement les pays européens membres de l'Otan à augmenter leurs dépenses militaires, estimant que les États-Unis assument une trop grande part du budget de l'alliance atlantique. Emmanuel Macron pense quant à lui, tout comme, notamment, la chancelière allemande Angela Merkel, que l'Europe doit accroître l'autonomie de sa défense face au retrait croissant de Washington.