Près de 50 000 soldats, 250 aéronefs, 65 navires et quelque 10 000 véhicules terrestres : l'exercice «Trident Juncture 18», auquel participent 31 pays de l'OTAN et qui débute ce 25 octobre en Norvège, est la plus grande manœuvre militaire organisée par l'Alliance atlantique depuis la fin de la guerre froide.
«Trident Juncture envoie un message clair à nos nations et à tout adversaire potentiel: l'OTAN ne cherche pas la confrontation mais elle sera prête à défendre tous les alliés contre toutes les menaces», a fait valoir le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, lors d'une conférence de presse le 24 octobre.
L'objectif annoncé de l'exercice est de tester l'efficacité de la force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation (Very High Readiness Joint Task Force), créée en 2014. Partie intégrante de la Force de réaction de l'OTAN, elle est conçue pour mener en quelques jours une opération de défense face à une attaque menée contre un membre de l'alliance.
S'il cible officiellement un ennemi «imaginaire», difficile de ne pas voir dans cet exercice qui se tient sur le flanc nord-est de l'Alliance – soit aux portes de la Russie – une démonstration de force à l'endroit de Moscou. «L'environnement sécuritaire en Europe s'est significativement dégradé ces dernières années», a d'ailleurs souligné le secrétaire général de l'OTAN, dans une référence implicite à la crise ukrainienne.
Moscou dénonce un exercice «antirusse»
Invitée à venir observer cette manœuvre militaire, la Russie l'a fermement condamnée, estimant qu'elle s'inscrivait dans une campagne «antirusse». «Une telle activité [...] semble provocatrice, même si l'on essaie de la justifier avec des visées purement défensives», a dénoncé l'ambassade de Russie à Oslo dans un communiqué.
Notant que les activités militaires de l'OTAN avaient atteint leur plus haut niveau depuis la guerre froide, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgu a par ailleurs laissé entendre qu'il ne croyait pas à la vocation défensive de l'exercice. «[Trident Juncture 18] simule une action militaire offensive», a-t-il déclaré dans des propos rapportés par Deutsche Welle.
Depuis des mois, Moscou s'irrite du renforcement en cours de la présence militaire occidentale dans la région. Etats-Unis et Grande-Bretagne ont en effet décidé d'intensifier les déploiements en Norvège pour acclimater leurs troupes au combat par grand froid.
Après les critiques virulentes qu'a pu formuler Donald Trump sur l'Alliance atlantique, les Etats-Unis semblent en effet soucieux de rassurer leurs alliés européens. Le secrétaire d'Etat à la Défense Jim Mattis a ainsi rappelé début octobre l'engagement «inébranlable» de Washington au sein de l'Alliance atlantique. Et l'annonce le 20 octobre par Donald Trump du retrait des Etats-Unis du traité sur les armes nucléaires de portée intermédiaire (INF) de 1987 ne fait qu'accentuer cette idée.